Ce 16 janvier 2025, la République démocratique du Congo commémore le 24ᵉ anniversaire de l’assassinat de l’un de ses plus emblématiques leaders : Laurent-Désiré Kabila, surnommé « Mzee. » Si le souvenir de cet homme reste vivace, son héritage divise encore.
Retour sur les faits
Selon l’historien Benjamin Babunga, les événements tragiques de ce 16 janvier 2001 se déroulent au palais de Marbre, à Kinshasa. Laurent-Désiré Kabila, alors président de la République, travaille dans son bureau et accorde des audiences « de routine. »
Vers 14 heures, un jeune soldat de sa garde rapprochée, le caporal Rachidi, demande à s’entretenir avec lui. Calme en apparence, le soldat approche, dégaine son arme et ouvre le feu sur le chef de l’État, le touchant au cou et au bas-ventre. Le conseiller économique présent, M. Mota, donne l’alerte. Le colonel Eddy Kapend et des soldats interviennent rapidement. Rachidi est abattu alors qu’il tente de fuir.
Dans une atmosphère de confusion, Kabila, gravement blessé, est transporté à la clinique Ngaliema pour des soins d’urgence. Le soir même, un communiqué officiel indique que le président est blessé mais encore en vie. Le lendemain, le ministre de l’Information, Sakombi Inongo, annonce son transfert au Zimbabwe pour des soins supplémentaires.
C’est seulement le 18 janvier que la nouvelle de son décès est confirmée : « Le Congo est en deuil. Le Gouvernement de salut public annonce la mort du président Laurent-Désiré Kabila ce jeudi 18 janvier à 10 heures, » déclare Sakombi Inongo. Un deuil national de 30 jours est décrété.
Une figure controversée
Près d’un quart de siècle après sa mort, Laurent-Désiré Kabila reste une figure marquante de l’histoire congolaise. Pour de nombreux citoyens, il symbolise le patriotisme et la lutte contre la dictature de Mobutu, renversé en 1997 par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), qu’il dirigeait.
Son discours nationaliste et ses prises de position contre le néocolonialisme et le pillage des ressources naturelles par des puissances étrangères résonnent encore aujourd’hui. Cependant, son héritage est loin d’être unanime.
Pour ses détracteurs, Laurent-Désiré Kabila a ouvert la voie à une instabilité durable. L’AFDL, soutenue par des puissances régionales comme le Rwanda et l’Ouganda, est accusée d’avoir déclenché une série de conflits dans l’est du pays, transformant cette région en une zone de violence chronique depuis près de trois décennies.
Bien qu’il ait expulsé les troupes rwandaises après son accession au pouvoir, beaucoup estiment que son alliance initiale avec Kigali a affaibli les institutions de défense et de sécurité du pays, les exposant à des ingérences étrangères persistantes.
L’héritage d’un « Mzee »
Aujourd’hui, l’héritage de Laurent-Désiré Kabila continue de diviser. Pour ses partisans, il demeure un héros national, un modèle de résilience et de courage face aux forces néocoloniales. Pour d’autres, son passage au pouvoir marque le début de l’instabilité politique et sécuritaire qui mine encore le pays.
Le souvenir de Laurent-Désiré Kabila, homme de contradictions, reste un puissant rappel des défis que le Congo doit relever pour garantir sa souveraineté et sa stabilité.
Charles Mapinduzi