Alors que les terroristes du M23/AFC, soutenus par le Rwanda, intensifient leurs attaques dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu – avec notamment le siège de Goma et la poursuite de l’offensive sur le Sud-Kivu –, Modeste Bahati Lukwebo adopte une posture de réserve. Un silence qui suscite des interrogations, compte tenu de son statut d’homme politique influent et d’homme d’affaires aux intérêts économiques bien ancrés dans la région.
En effet, le deuxième vice-président du Sénat et cadre de l’Union sacrée possède d’importants investissements au Kivu. À Katana, il détient une cimenterie, tandis qu’à Bukavu et Goma, il dispose de plusieurs biens immobiliers. Cette double casquette – entrepreneur et homme d’État – place Bahati dans une position délicate, alors que Kinshasa est en conflit ouvert avec la rébellion dirigée par Corneille Nangaa.
Face à cette situation, des sources indiquent que l’ancien président du Sénat chercherait à protéger son patrimoine des exactions des rebelles du M23/AFC. Selon une source proche du dossier, des émissaires auraient même été envoyés auprès des chefs de la rébellion afin de négocier la sécurité de ses biens en échange d’un silence prudent sur la crise sécuritaire qui secoue les Kivus.
Si ces allégations se confirment, elles soulèveraient de sérieuses questions sur l’engagement de Modeste Bahati dans la défense des intérêts nationaux face à l’agression rwandaise. Toutefois, à ce stade, l’intéressé ne s’est pas encore exprimé publiquement sur ces accusations.
Christian Ntole