Depuis plusieurs semaines, Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), est le théâtre de braquages à main armée de plus en plus fréquents. Cette insécurité grandissante plonge la population dans une véritable psychose.
Les maisons de change, les agences de transfert d’argent et les supermarchés sont devenus des cibles privilégiées de criminels qui opèrent en plein jour, n’hésitant pas à tirer des coups de feu en l’air avant de s’enfuir avec leur butin.
Une population terrorisée
Face à cette recrudescence des braquages, la rédaction de Netic-News a recueilli les témoignages des Kinois, qui appellent les autorités à réagir de toute urgence.
« Kinshasa devient invivable, surtout lorsqu’on exerce un petit commerce comme le mien. Je suis cambiste, et chaque jour, je viens m’installer ici avec la peur au ventre. Ces criminels savent que nous manipulons de l’argent liquide et n’hésitent pas à nous prendre pour cible. Nous sommes en danger permanent », témoigne un cambiste de la commune de Ngiri-Ngiri, où un braquage a eu lieu en début de week-end.
Dans la commune de Matete, un policier en poste devant un supermarché a été abattu par des criminels, qui ont toutefois échoué à mener leur forfait à bien. Un habitant du quartier exprime son inquiétude :
« Si des braqueurs peuvent abattre un policier en toute impunité, que pouvons-nous, simples civils, espérer ? L’insécurité atteint des sommets. Lors du braquage du supermarché, une vidéo montre les criminels ouvrant le feu à l’intérieur du magasin, alors que des clients, dont des femmes et des enfants, tentaient de se cacher. Nous demandons aux autorités de renforcer les mesures de sécurité et de traquer ces bandits afin que la population puisse vivre en paix », alerte Georges, habitant de Matete.
Un climat délétère pour les affaires
Certains estiment que cette vague de braquages vient aggraver une situation déjà précaire, marquée par le phénomène des kuluna, ces gangs de jeunes délinquants semant la terreur dans les quartiers populaires.
« Nous ne sommes déjà pas en sécurité avec les kuluna, et maintenant ces braqueurs viennent en rajouter. Doit-on conclure que nos autorités sont incapables de maîtriser la criminalité à Kinshasa ? Le gouvernement doit cesser de concentrer tous ses efforts sur la situation à Goma et s’occuper également de cette crise sécuritaire qui menace l’économie locale. Les commerces tenus par des étrangers sont particulièrement visés. Avec une telle insécurité, aucun investisseur n’acceptera de s’installer ici », s’indigne un habitant de Bandalungwa.
Selon plusieurs observateurs, l’intensification de la lutte contre les kuluna, dont certains ont été condamnés à la peine capitale, aurait pu créer un vide exploité par ces bandes de braqueurs à main armée.
Une police dépassée ?
Ces criminels utilisent des motos pour mener leurs opérations et s’échapper rapidement, sans être poursuivis par une population terrorisée ou par une police souvent impuissante.
« Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité doit repenser l’utilisation des véhicules de police communément appelés Kabasele. Plutôt que de patrouiller inutilement sur les grandes artères de Kinshasa, ces véhicules devraient être mobilisés pour traquer ces criminels », propose un analyste sécuritaire.
En attendant une réponse forte du gouvernement, les Kinois continuent de vivre dans la peur, tandis que les entrepreneurs, déjà fragilisés par la conjoncture économique, voient leur avenir s’assombrir sous la menace permanente des armes.
Bienvenu Musoy