Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix, tire la sonnette d’alarme face à la situation préoccupante dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Réagissant ce vendredi 10 janvier au dernier rapport du Groupe d’Experts des Nations Unies sur la RDC, publié le 27 décembre 2024, il dénonce les violations flagrantes du droit international par le Rwanda et la coalition AFC/M23, et appelle à des sanctions fortes et immédiates.
Selon le rapport, malgré les engagements pour une trêve humanitaire et un cessez-le-feu, le Rwanda continue de déployer entre 3 000 et 4 000 soldats dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi, dans la province du Nord-Kivu. Ces forces, équipées d’un arsenal militaire sophistiqué, soutiennent et contrôlent les activités de la coalition AFC/M23.
Cette occupation prend des allures d’annexion, avec l’installation d’une administration parallèle dans les zones conquises, notamment à Rubaya, site de l’une des plus grandes mines de coltan au monde.
Le Dr Mukwege souligne que la coalition AFC/M23 contrôle de manière frauduleuse l’extraction, le commerce et l’exportation des minerais stratégiques, notamment le coltan. Les experts des Nations Unies estiment que ce commerce illégal génère au moins 800 000 USD par mois pour les forces d’occupation.
La contamination des chaînes d’approvisionnement des minerais 3T (étain, tantale, tungstène) atteint un niveau sans précédent dans la région des Grands Lacs, compromettant les efforts mondiaux pour garantir des minerais responsables dans les technologies modernes.
Dans sa déclaration, Denis Mukwege appelle la communauté internationale à dépasser les simples condamnations verbales. « Il faut adopter des sanctions fortes contre les acteurs de la déstabilisation et exiger le retrait immédiat des forces rwandaises du sol congolais », a-t-il martelé.
Il insiste sur l’urgence de mettre fin à cette économie de guerre et au pillage des ressources naturelles stratégiques, indispensables à la transition énergétique et à la lutte contre le changement climatique.
Bernadette Mbiya