L’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à une escalade de violences. Au Nord et au Sud-Kivu, le M23, groupe armé soutenu par Kigali, poursuit son avancée en s’emparant de plusieurs localités, dont la plus stratégique à ce jour demeure la ville de Goma.
Les assaillants tentent désormais une percée en direction de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Selon des informations parvenues à Netic-News, les rebelles ont récemment conquis Ihusi, chef-lieu du territoire de Kalehe, après de violents affrontements avec les forces gouvernementales.
Une catastrophe humanitaire en cours
Lors de la chute de Goma, plus de 3 000 Congolais ont perdu la vie, parmi lesquels des victimes de l’incendie à la prison centrale de Munzenze. Plus de 3 000 autres personnes ont été blessées, tandis que des pillages systématiques ont ravagé biens publics et privés, plongeant la population dans un désarroi total.
La situation humanitaire est dramatique. Dépourvues d’abris et de secours, des milliers de familles sont livrées à elles-mêmes. L’aéroport international de Goma reste hors d’usage, soit en raison de l’occupation du M23, soit à cause des destructions massives causées par l’offensive rebelle entre le 26 et le 30 janvier dernier.
Au nord-est du pays, en Ituri, la milice de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) continue ses exactions. Dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 février, elle a attaqué un camp de déplacés en territoire de Djugu, massacrant une cinquantaine de civils, dont une vingtaine d’enfants.
Dans le même temps, les terroristes ADF poursuivent leurs attaques meurtrières dans les territoires de Beni, Lubero, Mambasa et Irumu, où ils assassinent et incendient villages et habitations.
Face à cette situation chaotique, l’avenir des provinces de l’Est, toujours sous état de siège, demeure plus incertain que jamais.
Félix Tshisekedi a-t-il la situation en main ?
Au regard de l’ampleur du désastre, une question s’impose : Félix Tshisekedi est-il réellement l’homme de la situation pour faire face à cette crise ?
Concernant le M23, la politique de défense du gouvernement congolais reste floue. Sur le plan militaire, les forces loyalistes n’ont pas réussi à inverser la tendance au cours des trois dernières années. Soutenus par le Rwanda, les rebelles ne cessent de progresser, menaçant désormais Bukavu (Sud-Kivu) et Butembo (Nord-Kivu).
Lors du sommet conjoint SADC-EAC tenu le 8 février dernier à Dar es-Salaam, en Tanzanie, les dirigeants régionaux ont recommandé à Kinshasa d’engager des négociations directes avec le M23. Bien que le régime Tshisekedi ait salué les conclusions de cette réunion, il semble adopter une posture ambivalente quant à la possibilité d’un dialogue.
Récemment, les responsables de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont rencontré le président Tshisekedi pour proposer des pourparlers avec toutes les parties prenantes. Si le chef de l’État s’est dit favorable à cette initiative, des contradictions ont rapidement émergé au sein du pouvoir, entre son parti et le porte-parole du gouvernement.
« Une volte-face qui s’inscrit dans un schéma désormais bien connu : Félix Tshisekedi affirme une chose un jour et son contraire le lendemain, rendant toute confiance en sa parole impossible », commente un internaute congolais.
Un autre renchérit :
« Inconstance, tâtonnements, incertitudes, indécisions. Fatshi ne sait pas quelle position prendre. Il va, il vient, il avance, il recule, il accepte, il refuse. Quand on ne sait pas ce qu’on cherche, on ne sait pas non plus ce qu’on trouve. Pathétique ! »
Un pouvoir impuissant face aux massacres ?
Alors que le Nord-Kivu est ravagé par les offensives du M23, l’Ituri subit de nouveaux massacres perpétrés par la CODECO. Pourtant, le gouvernement congolais semble rester impassible, comme si la tragédie ne le concernait pas.
« Soit ses collaborateurs ne sont pas compétents, soit c’est le président qui n’écoute pas son entourage. Soit les informations qu’il reçoit à la présidence sont biaisées, soit son leadership n’est pas à la hauteur d’un pays comme le Congo », analyse Anderson Tshilumba.
Félix Tshisekedi, dépassé par les événements ?
La situation s’aggrave de jour en jour, et les critiques se multiplient, notamment parmi l’opposition. Certains estiment que Félix Tshisekedi est totalement dépassé par les événements et ne sait plus quelle direction prendre.
Plusieurs formations politiques, dont le PPRD de Joseph Kabila via son secrétaire permanent adjoint, l’ODEP et le Mouvement des Révolutionnaires Congolais, réclament même sa démission, l’accusant d’incompétence.
Quoi qu’il en soit, le constat est alarmant. La crise sécuritaire atteint un niveau critique et la question demeure : Félix Tshisekedi est-il véritablement l’homme de la situation ?
Kilemasi Muhindo