Face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), marquée par l’agression rwandaise soutenant la coalition M23-AFC, des voix diplomatiques internationales exhortent les parties prenantes à privilégier le dialogue. La communauté internationale et le Conseil de sécurité des Nations unies ont notamment invité la RDC à engager des pourparlers avec le Rwanda et ses supplétifs.
Un refus catégorique du gouvernement congolais
Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, rejette fermement cette option, estimant que son pays ne peut pas négocier avec des rebelles qui occupent illégalement son territoire, pillent ses ressources et massacrent sa population. Une position qualifiée de ligne rouge par le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qui exige le retrait immédiat et sans condition des rebelles du territoire national.
La CENCO et l’ECC prônent le dialogue
Contrairement à la posture du gouvernement, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) se disent ouvertes à un dialogue avec le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa.
Dans le cadre de leur projet Pacte Social pour le Bien-vivre Ensemble, ces deux institutions religieuses estiment qu’une paix durable passe par l’implication de toutes les parties prenantes, y compris les auteurs du conflit.
« Nous voulons la paix et une solution alternative à la guerre. La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes ; il serait incohérent de les exclure des discussions tout en espérant restaurer la paix », a déclaré Monseigneur Donatien Nshole, Secrétaire général de la CENCO.
Un risque de fracture nationale ?
Alors que le pays est appelé à l’unité pour défendre son intégrité territoriale, cette divergence idéologique entre le gouvernement et les institutions religieuses pourrait affaiblir la mobilisation nationale contre l’ennemi et accentuer les clivages internes.
Pour rappel, les rebelles du M23 avaient refusé de participer au processus de Nairobi, affirmant ne pas y avoir été conviés. Depuis, ils poursuivent leurs exactions dans l’Est de la RDC avec le soutien militaire du Rwanda.
Selon un rapport des Nations unies, 3 000 personnes ont été tuées par la coalition rebelle M23-RDF-AFC lors des affrontements avec les Forces armées de la RDC entre le 26 et le 29 janvier à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Bienvenu Musoy