Alors que la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont entamé des consultations dans le cadre du Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a remis en question les fondements de cette initiative portée par les autorités religieuses.
Lors de son briefing du lundi 10 février, Patrick Muyaya a précisé que le président de la République, Félix Tshisekedi, n’avait mandaté personne pour engager un dialogue dans le but de résoudre la crise sécuritaire qui sévit à l’Est du pays.
Alors que la CENCO et l’ECC prônent un dialogue inclusif avec toutes les parties prenantes du conflit, y compris le M23, le ministre de la Communication et des Médias a réaffirmé la position ferme du gouvernement : aucune négociation ne sera menée avec la coalition M23-AFC. En revanche, Kinshasa reste ouvert à des discussions directes avec le Rwanda, qu’il accuse d’être le véritable instigateur de cette rébellion.
Cette prise de position de Patrick Muyaya a aussitôt suscité des réactions au sein de l’opposition congolaise. Prince Epenge, communicateur de la coalition Lamuka, a dénoncé une tentative de torpiller l’initiative des chefs religieux.
« Muyaya n’a jamais combattu pour la démocratie. C’est un enfant gâté du régime Kabila et Tshisekedi. Il pense qu’en s’opposant à cette démarche salvatrice du dialogue, il pourra continuer à jouer son rôle hypocrite de dénonciateur du chaos que son régime a contribué à créer. De toute façon, les pères spirituels sont soutenus par le peuple. Pour ceux qui pensent que tout va bien dans le pays, wait and see. Aujourd’hui, le peuple réclame le dialogue, demain il exigera votre démission pure et simple », a-t-il déclaré.
Pourtant, lors de leur rencontre avec Félix Tshisekedi, la CENCO et l’ECC avaient affirmé que le chef de l’État avait salué leur initiative et demandé un rapport à l’issue des consultations. Depuis lors, les leaders religieux ont déjà échangé avec plusieurs figures politiques de la RDC, notamment Martin Fayulu et Adolphe Muzito, qui se sont montrés réceptifs à leur démarche.
Cette sortie médiatique de Patrick Muyaya risque-t-elle d’attiser les tensions ? Alors que l’unité nationale est cruciale face à l’agression rwandaise, ces divergences internes pourraient fragiliser l’effort collectif contre l’ennemi.
Bienvenu Musoy
