On les voyait venir, au regard du langage sibyllin développé à l’étape de Kinshasa, où les membres de la délégation du Conseil de sécurité en séjour en terre congolais ont eu des échanges tour à tour avec le Parlement, le Premier ministre et le chef de l’Etat.
Le chef de la délégation onusienne, Nicolas Rivière a déclaré, à l’étape de Goma, ce dimanche 12 mars 2023, alors qu’elle bouclait sa mission en RDC : « N’attendez pas des Nations unies qu’elles règlent, de manière magie, à la place des autorités congolaises ». Cette boutade en dit long. Ou encore, le langage diplomatique de Michel-Xavier Biang, chef de délégation adjoint, qui a éprouvé toutes les peines du monde à proposer une réponse à la question de la presse à l’étape du Palais du peuple autour de l’inaction du Conseil de sécurité, alors que toutes les preuves de l’agression rwandaise sont réunies et documentées par les experts des Nations unies.
« … pour venir à l’action, nous devons pouvoir écouter, nous devons comprendre, nous devons toucher du doigt, et surtout nous enquérir de l’ampleur de la situation. Nous sommes là parce que décider à New York est une chose, pouvoir toucher du doigt en est une autre. Et nous sommes pour pouvoir interagir avec l’ensemble des forces vives de la RDC », s’est justifié le Gabonais Biang.
Contre toute attente
Alors que les dirigeants ont été assez clairs et directs avec la délégation sur les attentes légitimes du peuple congolais : la cessation immédiate des hostilités, le cantonnement des troupes rebelles et rwandaises, la libération des zones occupées et rétablissement de l’autorité de l’Etat dans ces localités jadis sous occupation rebelles, la délégation du Conseil de sécurité a fait sourde d’oreille. Au finish, elle impose un dialogue politique avec les rebelles du M23.
« Il est important de penser à l’approche dialogue politique pour mettre fin à la crise sécuritaire au Nord-Kivu avec la rébellion du M23 », a proposé la délégation de Nicolas Rivière. C’est gros pavé dans la mare ! Kinshasa acceptera tout, sauf engager des pourparlers avec les terroristes du M23 soutenus militairement par le Rwanda ; surtout que le Parlement avait déjà voté une décision faisant interdiction d’intégrer, d’enrôler ou de brasser des troupes rebelles dans l’armée nationale.
Cette recommandation du Conseil de sécurité des Nations unies, s’inscrit en porte-à-faux, à la surprise générale, avec le vœu du gouvernement congolais exprimé par le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi celui de traquer totalement le M23 jusqu’à leur retrait total. Ce qui était le vœu de la Monusco qui, par la bouche de Mme Bintou Keita, représentant spéciale du secrétaire général des Nations unies et cheffe de la Monusco, de traquer les rebelles du M23 jusqu’à leur cantonnement.
L’ambassadeur français, Nicolas de Rivière, représentant de 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies qui faisait partie de cette délégation, a déclaré
: « La Mission de l’Organisation des nations pour la stabilisation du Congo (Monusco) n’est pas une opération de guerre. Elle n’a pas mandat d’attaquer les groupes armés, mais plutôt protéger les civils. D’où un accent sur le volet humanitaire. Attaquer les groupes armés, c’est la responsabilité première des Forces Armées de la République démocratique du Congo (ARDC). Il est important de privilégier le dialogue politique pour une sortie de crise ».
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