La tension politique ne cesse de s’accentuer dans la province du Haut-Uélé avec l’arrestation, le vendredi 7 mars, de Georgette Aroyo Mokobhe, députée provinciale élue en 2023 dans la circonscription de Wamba. Cette figure politique locale est actuellement détenue sous suspicion de complicité avec le groupe rebelle Alliance du Fleuve Congo (AFC)-M23, un mouvement impliqué dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les autorités locales ont confirmé l’interpellation de la députée. Emmanuel Arame, ministre provincial de la Communication et porte-parole du gouvernement du Haut-Uélé, a précisé que cette affaire relève exclusivement de la compétence des services de renseignement nationaux. Ces derniers soupçonnent l’élue d’entretenir des liens avec le Rwanda et le M23, deux acteurs majeurs de l’instabilité régionale.
Selon le ministre Arame, les enquêteurs nationaux estiment que Mme Aroyo Mokobhe pourrait être impliquée dans des activités visant à déstabiliser la RDC. Cette déclaration reflète les préoccupations grandissantes des autorités congolaises face à l’influence des groupes rebelles soutenus par certaines puissances régionales.
Maître Prosper Salomo Motugbu, avocat de la députée, a révélé que son client a été interpellé par l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) dès le mardi après-midi. Il dénonce un manque de transparence dans cette procédure, affirmant qu’il lui est interdit d’accéder à sa cliente et que les charges exactes pesant contre elle ne lui ont pas été officiellement communiquées.
« L’ANR m’a empêché d’assister Mme Aroyo Mokobhe. Nous ignorons encore les motifs précis de son arrestation », a déclaré Me Motugbu, pointant une violation des droits de la défense.
L’élue de Wamba a été transférée à Kinshasa pour des interrogatoires approfondis, une décision qui alimente les spéculations sur la gestion de la crise sécuritaire dans l’Est du pays.
Cette arrestation survient dans un contexte de tensions diplomatiques accrues entre la RDC et le Rwanda, et alors que le Haut-Uélé, province frontalière du Soudan du Sud et de l’Ouganda, continue de faire face à des menaces sécuritaires liées à la présence de groupes armés.
Le cas de Georgette Aroyo Mokobhe représente un véritable test pour le gouvernement central, qui doit conjuguer impératifs de sécurité et respect des droits politiques, tout en répondant aux attentes des populations vivant dans des zones fragilisées par des conflits prolongés.
Cette affaire pourrait également mettre en lumière les fractures politiques au sein de la province et relancer le débat sur la souveraineté et la stabilité de la RDC.
Cedrick Katay Kalombo