Un nouveau massacre perpétré par les miliciens de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) a été signalé dans le territoire de Djugu, en Ituri, dans l’ex-Province Orientale.
Selon des sources locales, près de 40 civils, dont 38 confirmés par un bilan officiel provisoire, ont été tués dans l’attaque visant le site de déplacés de Djaiba, en chefferie de Bahema-Nord. Les victimes, principalement des personnes ayant fui les violences dans la région, ont été prises pour cible par ce groupe armé.
Un massacre méthodique et une intervention tardive
D’après le chef de la chefferie de Bahema-Badjere, les assaillants ont investi le camp vers 22 heures avant de s’attaquer brutalement aux déplacés. En plus des victimes, plusieurs habitations ont été incendiées et de nombreuses personnes blessées.
« À partir de 22 heures, ils ont abattu plusieurs personnes. Plusieurs maisons ont aussi été incendiées et d’autres habitants ont été blessés », a déclaré le chef coutumier.
Les forces armées congolaises et les casques bleus de la MONUSCO sont intervenus tardivement, une fois les assaillants déjà partis.
Des sources indépendantes évoquent un bilan encore plus lourd, estimant à une cinquantaine, voire davantage, le nombre de victimes.
Un groupe armé insaisissable malgré des efforts de paix
Ce massacre s’ajoute à une longue liste d’exactions imputées à la milice CODECO, connue pour ses attaques répétées contre des civils et des villages, à l’instar des rebelles ADF.
Dans le cadre du processus de paix initié par le gouvernement congolais, des responsables de la CODECO avaient été conviés à Kinshasa pour des discussions, suivies d’une mission conduite par l’ancien ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, en Ituri. Un protocole d’accord avait été signé avec plusieurs groupes armés locaux afin d’instaurer un climat de stabilité dans la région.
Cependant, face à la brutalité persistante de la CODECO, des voix continuent de s’élever pour réclamer son éradication définitive. C’est le cri du chef de la chefferie de Bahema-Badjere après cette nouvelle tragédie, qui a coûté la vie à des dizaines de civils.
« Nous avons toujours demandé au gouvernement d’éradiquer ce groupe armé dans le territoire de Djugu. La population innocente est tuée en permanence. Il est urgent que des mesures concrètes soient prises pour assurer sa sécurité », a-t-il exhorté.
Une menace persistante et une réponse insuffisante
Après les ADF, la CODECO est considérée comme l’un des groupes armés les plus violents du pays. Contrairement aux milices qui affrontent directement les forces armées, elle privilégie une stratégie asymétrique en s’attaquant aux populations civiles sans défense.
Les opérations militaires menées contre elle n’ont jusqu’à présent pas permis de neutraliser la menace. De plus, au niveau national, la situation semble susciter une attention limitée des autorités congolaises, un point fréquemment soulevé dans les débats sur les réseaux sociaux.
Kilemasi Muhindo
