La Société civile s’inquiète de la mauvaise gestion par le gouvernement congolais de la crise née de la catastrophe naturelle survenue à Kalehe, au Sud-Kivu.
Pour M. Samuel MATABARO, président national de la plateforme ISGL, Initiative Simama Grands Lacs, réunissant les organisations des jeunes et mouvements citoyens, cette crise est prise avec beaucoup de légèreté que ça soit au niveau du gouvernement que des organisations humanitaires.
Dans une interview accordée à Netic-News, le responsable de la plateforme ISGL qui dénonce la dissimulation des statistiques, une assistance non affectée aux attentes des sinistrés, l’absence de prise en charge psychologique des sinistrés, interpelle les autorités et les organisations humanitaires sur la mauvaise gestion de cette crise au risque d’engendrer des conséquences environnementales.
« Après nos enquêtes, plus de 1000 ménages ont été dévastés dans cette entité. Si on pouvait même compter le minimum de 5 personnes par ménage, ça ferait plus de 5.000 personnes portées disparues. À part ça, jusqu’aujourd’hui, on est en train de découvrir les décombres sous terre, avec des corps en décomposition.
L’assistance n’est pas à la hauteur de la crise proprement dite. Elle a été faite sur base des statistiques de plus au moins 200 personnes mais jusque-là, nous sommes à plus de 500 corps qui sont en train d’être découverts et, selon les estimations, sur le terrain, les décombres pouvaient arriver jusqu’à plus 5000, ce qui sera très catastrophique si les corps ne sont pas enterrés à temps, avant la décomposition totale. Si on ne fait pas allusion aux statistiques, on pense qu’on a déjà résolu le problème, on risque de vivre le pire dans les jours avenirs », dénonce Samuel MATABARO.
Il suggère la bonne prise en charge psycho-sociale des survivants, et invite le gouvernement à poursuivre la fouille dans les décombres, avec les engins.
Kalehe : une urgence environnementale et écologique
Mal gérée, cette catastrophe de Kalehe risque d’engendrer des conséquences environnementales à long terme .
Samuel MATABARO qui craint une résurgence de l’épidémie avec conséquences dans la région des Grands Lacs, alerte le gouvernement à vite agir pour prévenir les dégâts.
« Lorsque les cadavres ne sont pas enterrés, ça peut créer une épidémie au niveau du Grand Kivu, c’est juste à côté du lac Kivu, si ça pollue le lac Kivu, imaginer les dégâts au Rwanda et en RDC. Les villes de Bukavu et Goma sont des villes riveraines, imaginer les conséquences. C’est pourquoi nous voulons interpeller le gouvernement et les organisations nationales et internationales de ne pas minimiser cette crise et de vite agir pour limiter les conséquences à long terme très néfastes pas seulement pour le territoire de Kalehe mais pour le Grand Kivu, pourquoi pas la région des Grands Lacs. »
Au-delà de l’épidémie, cet acteur social craint également la crise alimentaire à la longue, étant donné que le territoire de Kalehe, est le grenier agricole du Sud Kivu. « Avec ces morts, c’est une perte de la main d’œuvre avec un impact sur la production agricole », déplore-t-il.
Sylvain Kabongo