Les révélations fracassantes du journal britannique The Guardian sur les lourdes pertes de l’armée rwandaise en République démocratique du Congo (RDC) mettent Kigali dans une situation délicate. Selon le média, plus de 600 soldats rwandais auraient été enterrés secrètement au Rwanda et en RDC depuis la reprise des combats du M23 en 2021, alors que le régime de Paul Kagame continue de nier toute présence militaire officielle sur le sol congolais.
Des images satellite du cimetière militaire de Kanombe, à Kigali, montrent une multiplication inquiétante des tombes militaires ces dernières années. Selon une source de renseignement citée par The Guardian, le nombre de morts parmi les Forces de défense rwandaises (RDF) pourrait en réalité se compter par milliers.
L’impossibilité de rapatrier tous les corps a conduit à des enterrements clandestins en RDC, où des fosses communes auraient été creusées. Plusieurs familles rwandaises endeuillées n’auraient reçu que des cercueils scellés, sans pouvoir voir les dépouilles de leurs proches. « Tous les soldats tués en RDC n’ont pas pu être rapatriés, notamment ceux tombés sous les frappes aériennes », confie une source militaire.
Bien que Kigali continue de nier toute implication officielle aux côtés du M23, les experts de l’ONU et plusieurs sources diplomatiques confirment que l’armée rwandaise est directement engagée dans les combats. Selon le rapport de The Guardian, les RDF « contrôlent de facto » les rebelles et participent activement aux offensives qui ont conduit à la prise de Goma et à l’extension du territoire occupé par le M23.
L’efficacité des Forces armées de la RDC (FARDC), notamment avec l’usage accru de drones et de frappes aériennes, expliquerait l’ampleur des pertes subies par le Rwanda. « Lorsque des avions larguent des bombes sur des troupes, cela fait de nombreuses victimes », témoigne un militaire sous anonymat.
Alors que le gouvernement rwandais tente de minimiser la situation, la colère monte parmi les familles des soldats disparus. Emmanuel Ngabo, exilé rwandais en France et membre de l’organisation ARC Urunana Nyarwanda France, affirme que les funérailles des militaires sont organisées en urgence et dans la plus grande discrétion.
À l’approche du sommet de crise prévu samedi à Dar es Salaam, entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ces révélations pourraient renforcer la pression internationale sur le Rwanda. Si des preuves irréfutables de son implication venaient à être exposées, Kigali risquerait des sanctions diplomatiques et une nouvelle crise politique.
En attendant, la guerre continue de ravager l’Est de la RDC, et la vérité sur le bilan réel des combats pourrait bien rattraper Paul Kagame plus tôt que prévu.
Gilbert Ngonga
