Les pourparlers tripartites prévus dimanche 15 décembre 2024 à Luanda entre la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l’Angola ont été annulés, marquant un nouveau revers dans les efforts pour instaurer la paix dans l’Est de la RDC, déchiré depuis des décennies par les violences des groupes armés.
L’annulation de cette rencontre résulte de profondes divergences apparues lors de la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères samedi dernier à Luanda. La délégation rwandaise a conditionné la signature d’un accord à un dialogue direct entre Kinshasa et le groupe rebelle M23, une proposition fermement rejetée par la RDC, qui considère le M23 comme un groupe terroriste.
Lundi 16 décembre, face aux diplomates accrédités à Kinshasa, la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a pointé du doigt le Rwanda pour le « blocage » et le « sabotage » du processus de Luanda. Elle a exhorté la communauté internationale à prendre des sanctions contre Kigali pour son soutien avéré au M23 et ses violations répétées de la souveraineté congolaise.
« La République Démocratique du Congo est résolue et reste engagée dans le processus de Luanda. Cependant, nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités en sanctionnant le Rwanda pour son soutien au M23 et pour son sabotage avéré de ce processus », a déclaré la cheffe de la diplomatie congolaise.
Thérèse Kayikwamba Wagner a également plaidé pour un renforcement du mandat de la Monusco dans le cadre du renouvellement en cours au Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle a insisté sur la nécessité d’inclure des mesures explicites pour surveiller et documenter les violations transfrontalières, ainsi que pour protéger les civils.
« Chaque hésitation ou chaque silence face aux agressions rwandaises alimente davantage l’instabilité et les souffrances dans la région », a-t-elle martelé, dénonçant une certaine passivité des institutions internationales face aux incursions du Rwanda sur le territoire congolais.
Ce sommet, initialement perçu comme une étape décisive pour désamorcer la crise, a échoué à réunir les trois chefs d’État. Le président Félix Tshisekedi, arrivé à Luanda dans l’espoir de signer un accord, a vu ses ambitions contrariées par l’attitude de la délégation rwandaise, arrivée tardivement la veille, perturbant ainsi l’agenda initial.
Sur le terrain, la situation reste préoccupante. Les rebelles du M23, soutenus par Kigali selon plusieurs rapports des Nations Unies, continuent leurs offensives dans la province du Nord-Kivu, violant les accords de cessez-le-feu conclus sous l’égide de la médiation angolaise.
L’annulation de cette rencontre tripartite constitue un coup dur pour la médiation conduite par le président angolais João Lourenço, dont les efforts pour rapprocher les parties semblent, pour l’instant, dans l’impasse.
Face à l’impasse, Kinshasa réaffirme sa fermeté. « La souveraineté de la RDC n’est pas négociable », a conclu la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner, appelant à une réponse claire et ferme de la communauté internationale pour mettre fin à l’instabilité dans la région.
Gilbert Ngonga