Dans le marché populaire de Maboke, situé dans la commune périphérique de N’Sele, une spécialité culinaire fait la réputation des lieux : le Mabo, poisson frais très prisé par les Kinois. Mais derrière cette activité florissante se cache une réalité marquée par la souffrance et le dénuement, comme en témoignent les femmes commerçantes du marché.
L’une d’entre elles, filmée en plein service, a exprimé avec émotion les difficultés quotidiennes rencontrées. « Ce n’est pas facile, » lance-t-elle, visiblement éprouvée par les conditions précaires de travail. Bien que reconnu comme un marché de l’État, le marché Maboke ne dispose d’aucune infrastructure adéquate pour accueillir les vendeuses.
Les principales plaintes portent sur le manque d’eau potable, un besoin vital qui oblige les commerçantes à parcourir près d’un kilomètre pour s’en procurer. Le bidon de 25 litres s’achète à 1 000 francs congolais, un coût qui grève leurs maigres revenus. À cela s’ajoutent les douleurs physiques liées à la préparation manuelle des ingrédients, notamment le pilage du piment, qui cause des brûlures et de la fatigue.
Autre problème de taille : l’absence d’abri. Lorsqu’il pleut, les vendeuses n’ont aucun endroit où se réfugier. Résultat : leurs produits se gâtent et finissent souvent jetés, engendrant un important manque à gagner. «Nous perdons tout sous la pluie, » déplore une autre commerçante.
Face à cette situation, les femmes du marché Maboke réclament la construction urgente d’un marché moderne et l’aménagement de services de base, notamment l’eau, les abris, et une fiscalité plus adaptée à leur réalité.
Ce cri d’alarme mérite l’attention des autorités. Il en va non seulement de la survie de ces femmes commerçantes, mais aussi de la valorisation d’un savoir-faire local qui contribue à la richesse culinaire et économique de Kinshasa.
Gilbert Ngonga
