Deux semaines après l’interruption des enseignements dans les établissements scolaires et universitaires, Goma a repris vie ce lundi 10 février.
Le week-end dernier, les responsables des écoles ont lancé des appels en faveur du retour en classe, et l’uniforme bleu-blanc a de nouveau été visible dans les rues de la ville.
Obéir au diktat de la rébellion
Lors d’un meeting populaire au stade de l’Unité à Goma, ainsi qu’à travers d’autres canaux de communication, les dirigeants de la rébellion se sont montrés menaçants. Ils ont exigé la reprise de toutes les activités, allant jusqu’à menacer de démission volontaire tout agent de l’État qui refuserait de reprendre le travail.
Dans ce contexte, le directeur éducationnel provincial du Nord-Kivu 1 a annoncé la reprise des enseignements dans les établissements scolaires, sauf ceux touchés ou détruits par les obus. Les responsables des institutions universitaires ont également multiplié les communiqués pour inciter les étudiants à retourner en cours.
Entre peur et incertitude
La ville de Goma renaît peu à peu de ses cendres après des combats entre les forces républicaines et les rebelles du M23. Cependant, la peur reste palpable, et les habitants sont face à un dilemme : obéir aux rebelles ou risquer des représailles.
Des activités étatiques ont repris dans la ville, mais le scepticisme, l’inquiétude et la peur dominent. Les effets des trois jours d’intenses combats sont encore trop frais dans les esprits.
Les « Gomatraciens » redoutent constamment un revirement de la situation, surtout avec la présence toujours notable de certains hommes armés dans la ville, en plus des rebelles du M23.
Ce climat d’incertitude se fait sentir dans les institutions scolaires. Non seulement les parents sont hésitants à envoyer leurs enfants à l’école, mais les enseignants vivent également dans l’incertitude.
« On est là, mais avec la peur au ventre. Ça peut tirer à tout moment. De plus, on a commencé à enseigner sans savoir si on sera payé. Nous sommes payés par la banque. Et si à la fin du mois, les banques ne rouvrent pas ? » s’inquiète un enseignant d’une école primaire à Majengo.
Plus de 3000 personnes ont péri en seulement trois jours de combats en pleine ville, selon des chiffres fournis par l’ONU. D’autres victimes sont également mortes dans l’incendie de la prison centrale de Munzenze. Des quartiers sont en deuil, des familles ont perdu des proches.
Cette tragédie, combinée à des tirs sporadiques encore présents dans la ville, a installé un climat d’inquiétude à Goma malgré l’assurance des nouveaux occupants.
Kilemasi Muhindo