Face à la recrudescence du choléra qui ravage la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) des Nations Unies a annoncé, dans un communiqué daté du 14 mars 2025, le déblocage urgent de 750 000 dollars. Cette enveloppe vise à renforcer la riposte en améliorant l’accès à l’eau potable, aux infrastructures d’assainissement et aux services de santé destinés aux populations vulnérables.
La crise humanitaire au Nord-Kivu s’est fortement aggravée ces derniers mois, notamment en raison de la recrudescence des violences liées à l’offensive du groupe armé M23. Ces affrontements ont entraîné un déplacement massif de populations, plongeant des centaines de milliers de personnes dans une précarité extrême. Privées d’un accès adéquat aux services de base, ces communautés sont particulièrement exposées aux maladies hydriques, dont le choléra.
Entre janvier et début mars 2025, la ville de Goma a été particulièrement touchée, concentrant 68 % des 1 846 cas de choléra enregistrés dans la province. Déjà endémique dans plusieurs régions du pays, cette maladie se propage rapidement en raison des conditions sanitaires déplorables et du manque d’accès aux infrastructures de santé.
Le financement du CERF permettra à l’UNICEF, à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à leurs partenaires de mettre en œuvre des mesures immédiates pour freiner la propagation du choléra et assurer la prise en charge des malades. Cette aide s’inscrit dans un plan d’action anticipatoire élaboré par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), en collaboration avec le Programme national pour l’élimination du choléra et la lutte contre les autres maladies diarrhéiques (PNECHOL-MD).
Bruno Lemarquis, coordonnateur humanitaire en RDC, a souligné l’importance de cette intervention précoce :
« Dans un contexte où les conflits armés et les déplacements massifs exposent des millions de personnes à des conditions de vie précaires, agir à temps est une question de survie. Ce financement du CERF est une réponse concrète pour éviter une épidémie de grande ampleur. Investir dans la riposte et la prévention dès maintenant permettra de sauver des vies et d’éviter des coûts humanitaires bien plus lourds à l’avenir. »
Au-delà de la réponse d’urgence, cette initiative vise également à renforcer les capacités de prévention à long terme. L’amélioration de l’accès à l’eau potable, le renforcement des infrastructures sanitaires et la sensibilisation des populations aux bonnes pratiques d’hygiène constituent des leviers essentiels pour prévenir de nouvelles flambées épidémiques.
Alors que la RDC traverse l’une des crises humanitaires les plus complexes au monde, avec plus de 21 millions de personnes en situation de vulnérabilité, l’intervention rapide des acteurs humanitaires est cruciale pour éviter une aggravation de la situation. Si l’allocation du CERF représente une avancée significative, elle demeure insuffisante à elle seule. Un soutien accru de la communauté internationale est indispensable pour répondre aux besoins croissants des populations affectées.
Seule une action concertée, alliant urgence et prévention, pourra freiner la propagation du choléra et améliorer durablement les conditions de vie des communautés les plus fragilisées.
Dieumerci Matu Chub
