Depuis fin novembre 2021, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et l’armée ougandaise (UPDF) mènent des opérations militaires conjointes dans les régions de Beni (Nord-Kivu), ainsi qu’à Mambasa et Irumu (Ituri). Ces interventions visent à traquer les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe terroriste qui constitue une menace commune pour la RDC et l’Ouganda.
Bien que les ADF soient d’origine ougandaise, c’est sur le territoire congolais qu’ils ont perpétré la majorité de leurs exactions depuis leur installation à la fin des années 1980, après la prise de pouvoir de Yoweri Museveni en Ouganda.
L’UPDF : un électron libre ?
Un rapport récent des Nations unies, publié le mercredi 8 janvier, a mis en lumière des dysfonctionnements dans la coordination des opérations sur le terrain. Selon ce document, l’armée ougandaise, invitée à intervenir en RDC par Kinshasa, agit parfois de manière autonome, donnant l’impression d’opérer comme sur un terrain conquis, sans réel contrôle de la part des autorités congolaises.
Dès leur entrée en RDC en novembre 2021, des sources sécuritaires avaient signalé que cette incursion s’était faite sans avertir officiellement les autorités congolaises. Ce sont des habitants de la région et la presse qui avaient rapporté la traversée des troupes ougandaises via le territoire de Beni. Pourtant, quelques semaines plus tôt, les présidents Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni avaient évoqué la possibilité d’opérations conjointes contre les ADF, sans pour autant en préciser la date de lancement.
Le rapport onusien révèle que, sur le terrain, l’UPDF a parfois mené des opérations aériennes ou étendu son rayon d’action sans en informer les responsables militaires congolais.
« Parfois, l’UPDF a effectué des opérations aériennes sans consulter les FARDC ou a étendu ses actions au-delà des zones désignées, ce qui a provoqué des tensions avec les FARDC. De plus, l’UPDF a fréquemment transféré en Ouganda d’anciens otages des ADF sans partager rapidement les informations nécessaires, compliquant ainsi les processus de renseignement et les procédures judiciaires en RDC », souligne le rapport.
Ces pratiques ont engendré des tensions entre les deux armées. Selon le même document, les FARDC ont même retardé le déploiement de l’UPDF dans certaines zones stratégiques, exprimant des réticences à élargir la zone d’opération conjointe Shujaa.
Une coopération militaire maintenue malgré tout
Malgré ces dysfonctionnements, Kinshasa et Kampala ont décidé de prolonger leur coopération militaire jusqu’à la neutralisation totale des ADF.
Le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major général de l’UPDF, s’est rendu à Beni le jeudi 9 janvier pour galvaniser ses troupes et insister sur la nécessité de soutenir les FARDC dans la pacification de la région.
Bien que ces opérations conjointes n’aient pas encore permis d’éradiquer la menace des ADF, elles ont contribué à une accalmie dans certaines zones, offrant un répit relatif aux populations locales.
Charles Mapinduzi