Une délégation de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) est arrivée ce mercredi 12 février à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dans le cadre du processus de paix initié sous le label « Pacte social ». Cette initiative intervient alors que la République démocratique du Congo traverse une crise sécuritaire sans précédent.
Un dialogue avec le M23 au cœur des discussions
Cette mission marque une étape cruciale, car elle prévoit des échanges avec les responsables du mouvement rebelle M23, qui contrôle la ville de Goma depuis plus de deux semaines.
Avant de se rendre au Nord-Kivu, les représentants des Églises catholique et protestante ont rencontré, en début de semaine, le président Félix Tshisekedi pour lui présenter leur plan. Si le chef de l’État a salué l’initiative, le gouvernement, par la voix de son porte-parole, a ensuite précisé que la CENCO et l’ECC n’avaient reçu aucun mandat officiel des autorités congolaises pour mener ces pourparlers.
Malgré cette réserve, la démarche des deux confessions religieuses vise à écouter toutes les parties prenantes afin d’explorer une solution de sortie de crise basée sur le dialogue. « La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes. Il n’aurait pas de sens de les exclure du processus et d’espérer rétablir la paix sans eux », a déclaré Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO.
Une initiative controversée
La délégation de la CENCO et de l’ECC a atterri à Goma via le Rwanda, l’aéroport de la ville étant toujours hors service. Selon des sources concordantes, les leaders religieux pourraient rencontrer dès ce mercredi Corneille Nanga, chef du M23, et ses adjoints à l’hôtel Serena, le plus prestigieux établissement de Goma.
Cependant, cette initiative est vivement critiquée par les partisans du pouvoir en place. L’UDPS et l’Union sacrée de la nation ont exprimé leur opposition, dénonçant une démarche parallèle au processus officiel du gouvernement.
Peter Kazadi, ancien ministre de l’Intérieur et cadre influent de l’UDPS, est même allé plus loin, affirmant détenir des enregistrements prouvant des liens entre certains responsables religieux et les rebelles du M23.
Vers une médiation plus large ?
Parallèlement, une autre délégation des plateformes des confessions religieuses – composée de l’Église de réveil au Congo, de la communauté musulmane, de l’Armée du Salut, des Kimbanguistes, des Orthodoxes et de l’Église des Noirs – a été reçue mardi par le président Tshisekedi pour discuter de la situation sécuritaire du pays.
« Le président Tshisekedi est favorable à une médiation, à condition qu’elle soit inclusive. Nous devons, avec la CENCO et l’ECC, trouver un créneau pour élaborer un programme commun. Ce serait un signal fort en faveur de l’unité nationale », a déclaré l’évêque Ejiba Yamapia.
Une mission sous tension
Si la mission de la CENCO et de l’ECC est perçue comme une tentative de briser l’impasse, elle risque néanmoins de se heurter à une vive résistance des partisans du régime, qui la considèrent comme une démarche inopportune, voire une trahison des institutions légitimes.
Kilemasi Muhindo