Les États-Unis ont exprimé leur vive inquiétude après la publication, le 8 janvier, du rapport des experts de l’ONU sur la République démocratique du Congo (RDC). À travers une déclaration du département d’État américain, Washington a salué la clarté avec laquelle le document des Nations unies met en évidence les sources du conflit dans l’Est du Congo, notamment celui lié au M23.
Ni pour l’un, ni pour l’autre
Les États-Unis ont critiqué fermement le régime de Kigali, qu’ils accusent d’avoir illégalement déployé plusieurs milliers de soldats sur le sol congolais. Ils dénoncent également l’utilisation de missiles sol-air par le Rwanda pour contrer les opérations des avions de chasse congolais.
« Les États-Unis condamnent la présence illégale de plusieurs milliers de soldats rwandais en RDC ainsi que le soutien et la direction du Rwanda au groupe armé M23, déjà sanctionné par l’ONU et les États-Unis. Nous dénonçons également l’utilisation par le Rwanda de systèmes de missiles sol-air, de mortiers guidés par GPS et de missiles antichars », souligne un document officiel.
Par ailleurs, le rapport épingle également le Rwanda pour le brouillage et l’usurpation d’identité GPS, pratiques qui, selon Washington, compliquent les opérations menées par la mission onusienne (MONUSCO) et perturbent les vols humanitaires de l’ONU dans le Nord-Kivu. Les États-Unis exhortent Kigali à cesser ces activités immédiatement.
La RDC également pointée du doigt
Cependant, dans le même rapport, Washington adresse des critiques à Kinshasa pour sa supposée collaboration avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle également sanctionné par l’ONU et les États-Unis.
« Les États-Unis condamnent ce que le rapport décrit comme une coopération continue et systématique entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les FDLR. Nous exhortons vivement les autorités congolaises à mettre fin immédiatement à cette collaboration », précise la déclaration.
Un conflit sous tension croissante
Depuis la résurgence du M23 dans le Nord-Kivu, Kinshasa et Kigali s’accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles. Le régime du président Félix Tshisekedi accuse le Rwanda de parrainer la rébellion du M23, qui déstabilise l’Est du Congo. De son côté, Kigali pointe du doigt Kinshasa pour son prétendu soutien aux FDLR, un groupe qui vise à renverser les institutions rwandaises.
Les tensions entre les deux pays se sont accentuées, renforçant la méfiance réciproque. Le 15 décembre dernier, Joao Lourenço, facilitateur désigné par l’Union africaine pour le conflit rwando-congolais, a tenté une médiation. Toutefois, la rencontre prévue entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame a échoué à la dernière minute en raison de l’absence du président rwandais.
Un avenir incertain
Alors que les États-Unis appellent les deux parties à la retenue et à la cessation des collaborations avec les groupes armés, la situation demeure tendue. La communauté internationale reste mobilisée, mais une solution durable semble encore lointaine.
Charles Mapinduzi