En République Démocratique du Congo, quand on parle de Chinois, on voit Moïse Ekanga. Cet homme dont le nom rime avec le contrat chinois demeure jusqu’alors proche de Joseph Kabila.
Ce discret homme d’affaires, depuis le règne Kabila, est aujourd’hui hanté, sinon perturbé par le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), lequel l’a obligé de sortir de son mutisme légendaire. Seulement voilà, sa sortie médiatique a été un grand raté qui, à la place d’éclairer la religion des Congolais, en a rajouté à cette polémique que suscite dans l’opinion le pot-aux-roses mis à nu par l’IGF, autour du contrat chinois qualifié de contrat du siècle, «contrat gagnant-gagnant»
Alors que l’IGF vient de relever que ce contrat penche dangereusement en faveur des entreprises chinoises bénéficiaires de cet accord au terme duquel le gouvernement congolais mettait à disposition de ces entreprises ses ressources minières contre la construction d’infrastructures dont la RDC a besoin pour lancer son développement.
Au bout de 16 ans de mise en oeuvre de ce contrat, relève le rapport IGF, les entreprises chinoises ont réalisé un bénéfice évalué à quelque 12 milliards USD contre des infrastructures pour la partie congolaise estimées à quelque 822 millions USD, mais pour la plupart invisibles sur le terrain.
On rappelle qu’en 2021, Congo Hold UP avait pointé du doigt le Bureau de coordination et de suivi de la mise en oeuvre des contrats chinois que dirigeait jusqu’alors Moïse Ekanga.
Selon les révélations de Congo Hold UP, « la famille de Joseph Kabila et ses alliés se sont enrichis abusivement, profitant, dit l’enquête, des faits de détournement et de corruption, à partir des fonds liés à l’organisation du Sommet de la Francophonie, au projet hydroélectrique de Busanga, ou encore a la route à péage Lubumbashi -Kasumbalesa ».
Alors que le rapport IGF ne va pas jusqu’à indexer des personnalités dans cette entreprise criminelle contre les intérêts de la République.
Moïse Ekanga, coordonnateur de Bureau de coordination et de suivi de la mise en oeuvre des contrats chinois, se disculpe en disant qu’il ne connait rien de la gestion des fonds dans le cadre du contrat chinois.
Tout ce qui est rapport avec les chiffres évoqués par le rapport IGF, Ekanga s’est déchargé sur l’ACGT.
De son point d vue, c’est l’Agence congolaise de grands travaux ( ACGT), chargée d’exécuter les travaux dans le cadre de ce contrat qui a explication sur la gestion des « factures contrat chinois ».
En tant que coordonnateur, Moïse Ekanga est censé gérer au quotidien le comité exécutif de coordination. Comment dès lors Ekanga peut gérer et ne rien savoir de la gestion des fonds(factures) Contrat chinois?
Aujourd’hui, un cadre de l’ACGT, pas des moindres, Directeur général adjoint de l’agence, Nico Nzau fait des Révélations troublantes: « Intellectuellement en ce qui concerne le projet. On n’avait pas d’études », avoue M. Nzau.
Avant d’ajouter : « Vous devez savoir que dans un projet, il faut commencer toujours par des études. Or là, on avait envie de voir que nous étions en train de renverser la situation. L’argent arrivait mais devant nous, il n’y avait pas d’études ».
Entre-temps, Moïse Ekanga a affirmé urbi et orbi que les travaux de construction des infrastructures en faveur de la RDC ont été menés sur base des études réalisées au préalable. Ce qui vient d’etre battu en brèche, et c’est sur toute la ligne, par le Directeur général adjoint de l’ACGT.
Ce qui revient à dire que les travaux étaient menés de manière abracadabrante, sans planification aucune.
« On n’avait pas d’études sur les infrastructures à réaliser (ACGT)»
Dans ce rapport qui fait état de dilapidation et bradage des minerais congolais, il n’est pas étonnant qu’on y décèle une rubrique ayant trait aux études de faisabilité, surtout avec la surfacturation à outrance dont il est question dans la mise en œuvre du fameux Contrat chinois.
Pour Nico Nzau, « avec les 350 millions de dollars qui sont sortis, on a commencé par voir où on pouvait trouver un semblant d’études. Les bâtiments de l’hôpital (du cinquantenaire) étaient là. On s’est dit comme les bâtiments sont là, est-ce qu’on peut en faire quelque chose ? », a-t-il révélé par ailleurs.
Tout ceci a été fait avec la bénédiction de Moïse Ekanga, lequel a parrainé cette maffia dont il cherche à se disculper alors que le dossier lui colle à la peau.
La légèreté dont a fait montre Ekanga à la tête du Bureau de coordination a fait perdre à la République des fonds substantiels au profit des particuliers dont lui-même Ekanga qui passe aujourd’hui pour un philanthrope faisant largesses et dons de ponts dans son patelin Lomela-sankuru.
Dans ses révélations, Nico Nzau va plus loin en mettant la gestion au pifomètre qu’on a fait des « fonds contrat chinois ».
« Dans la foulée, « on trouve un vieux dossier de l’hôpital du cinquantenaire, on le sort, l’Office des routes venait, à l’époque, de réhabiliter la route en terre Lubumbashi-Kasomeno-Kasenga, nous sortons ce dossier là, on prend encore du côté de Beni, une route en terre qui n’avait rien avoir avec ce que nous voulions (routes bitumées plutôt qu’en terre). Voilà comment nous allons commencer en catastrophe et demander alors aux Chinois de commencer à faire des travaux sur des chantiers où il n’y avait pas d’études ».
Alors que les bâtiments et études existaient pour le cas de l’hôpital du cinquantenaire, qu’elle mauvaise foi de la part de Moïse Ekanga et sa bande de taxer à la République 114 millions USD pour la simple réhabilitation de ce centre hospitalier du reste en face d’un Camp militaire ?
Certainement que les anciennes études avaient été surfacturées en termes de millions. Voilà d’où Moïse Ekanga a bâti sa fortune sur le dos du peuple congolais. Sa place est en prison, avec un bon procès public autour de cette affaire qui fait couler encre et salive.
Gauthier Sey