Le Lualaba, l’une de 5 provinces issues du découpage du Grand Katanga, est une entité d’environ 2,8 millions d’habitants, avec une densité de 21 habitants au kilomètre carré. (Statistique de 2017).
La province compte deux villes dont Kolwezi (chef-lieu avec plus ou moins 600 mille habitants) et Kasaji, conformément au décret n°13/028 du 13 juin 2013 conférant le statut de ville et commune à certaines agglomérations, ainsi que 5 territoires parmi ces territoires, on cite Kapanga, Dilolo, Sandoa, Mutshatsha et Lubudi.
Dans sa configuration administrative actuelle, le Lualaba comprend 6 secteurs, 19 chefferies, 172 groupements et 2576 villages.
La ville de Kolwezi compte deux communes : Dilala et Manika.
Ici la rédaction de Netic-News rend compte d’un constat de terrain, au terme d’une mini-enquête menée du 1er au 16 avril 2023 dans le Lualaba profond. Et ce, après avoir touché aux vraies réalités que cache le « cosmétique » qu’on miroite à la face du monde.
Les faits
Au cours de la période du 1er au 16 avril 2023, une équipe de reporters de Netic-News est descendue au Lualaba, avec comme point de départ la ville de Kolwezi. Les reporters de Netic-News ont eu le privilège de sillonner trois territoires sur les cinq que compte la jeune province, notamment celles de Dilolo, Sandoa et Mutshatsha, y compris les deux villes : Kolwezi et Kasaji.
Constat
Au terme de cette ronde de terrain, le constat est très amer. Le Lualaba demeure toujours un village, contrairement aux images et allégations cosmétiques et démagogiques présentées à Kinshasa et ailleurs par l’exécutif provincial.
Économie
Le Lualaba est présenté aujourd’hui comme la province minière de la République Démocratique du Congo. C’est le centre d’intérêt de tout le monde, nationaux comme étrangers. Le rêve de tous opérateurs économiques, c’est fouler le sol du Lualaba, le nouvel Eldorado congolais et mourir.
Malgré cette embellie, la population ne voit pas ce boum minier contribuer à l’amélioration de ses conditions socioéconomiques. La pauvreté est omniprésente parmi le Lualabais lambda.
Les denrées de première nécessité coûtent extrêmement cher.
Mimie Kateng, ménagère de son état, se révolte en affirmant qu’il n’y a plus moyen de se nourrir au Lualaba. Les prix des produits de consommation courante ont pris de l’ascenseur : un sac de maïs de 25 kg coûte 75 000 Fc, par exemple. Aussi a-t-elle interpellé le chef de l’Etat à vite se pencher sur le cas Lualaba, où la vie est intenable.
Alors que, la province fait des recettes, rien qu’avec la redevance minière. Par exemple, en 2021, le Lualaba a produit 79.240. 521,098 USD ; 2022, la province de Fifi Masuka a produit 112.767.671,026 USD et en 2023 (janvier et février) 15.470.336, 007 USD de redevance minière (Documents de ventilation des ETD de la division des Mines), hormis d’autres taxes liées autres activités économiques de la province.
Tous ces fonds devaient normalement être affectés dans des projets de développement pour le bien-être des populations riveraines, selon les prescrits du nouveau code minier. Malheureusement, ces populations broient du noir. En témoigne le chef de quartier Mupanja, dans le secteur de Luilu, dans le territoire de Mutshatsha.
Révolté par la pollution depuis 2021 de ses 18 ha agricoles par le site Tulizembe supervisé par la coopération COMIBAKAT de la gouverneure Fifi Masuka. Jamais, il n’a obtenu réparation de cette pollution comme le veut la loi minière, ce chef de quartier déclare : « La redevance ne profite pas aux ETD comme le veut la loi. C’est plutôt Mme Masuka et Kinshasa qui en tirent bénéfice ».
Avant de renchérir que « la seule action notable à l’actif de l’autorité provinciale, c’est l’octroi à la fin de chaque année d’un lot de pagnes wax à nos femmes des secteurs ayant des carrés miniers ; une façon de nous flouer, alors que nos villages sont dépourvus de forages d’eau. Nous recourons à l’eau de rivières situées à plusieurs kilomètres de nos habitants, a dénoncé par ailleurs cette autorité locale ».
Le pillage orchestré par des coopératives
La descente sur le terrain a permis aux reporters de Netic-News de se rendre compte que les grands sites miniers sont supervisés par deux coopératives récemment mises en ordre avec le fisc.
Il y a la coopérative Comibakat de Mme la gouverneure, gérée par son oncle Alain et la coopérative Comakat du ministre provincial des Mines, M. Kaumba Jacques.
Elles supervisent les sites juteux de la province, notamment ceux de secteur de Luilu et dans le territoire de Lubudi.
Ces sites, supervisés par ces deux coopératives, ont été déclarés d’exploitation artisanale alors que, dans la pratique, les exploitants se livrent à l’exploitation semi-industrielle ou industrielle avec le concours des Libanais et Chinois.
Déclarés sites d’exploitation artisanale dans le souci de minorer la taxe à payer au fisc, les exploitants ne versent rien au compte du trésor, excepté la taxe SAEMAPE. Pour tout le reste, instruction avait été donnée à la police de mines, à la CNPR, aux inspecteurs des mines, à la brigade antifraude, etc. de n’intercepter aucun véhicule sortant des sites supervisés par les coopératives de Mme le gouverneure et le ministre provincial des Mines.
« J’ai été membre de la commission descendue sur le terrain pour essayer de restaurer l’ordre dans le fonctionnement des coopératives et le traitement des creuseurs artisanaux. Malheureusement, les conclusions de cette enquête sont gardées à ce jour dans les tiroirs à Kolwezi, étouffées par les députés affairistes », a déposé le député provincial Donat Tshimboj.
Avant de renchérir dans ces termes : « Nous avons trouvé certaines coopératives qui font la loi sans aucun document. Les expatriés, notamment libanais et chinois, exploitent dans l’illégalité, mais avec la bénédiction de l’exécutif provincial. Et d’autres disent se référer à Kinshasa. Ils ont même aménagé des voies de sortie des sites qui échappent aux postes de péage, au vu et au su de l’exécutif provincial, complice de cette entreprise criminelle de contrebande. Cas du site Tulizembe, Kalukunji… ».
« Le site produit environ 30 à 40 tracts de minerais par jour. Une route clandestine facilite l’évacuation de la production sans passer par le péage de Lualaba », a raconté un creuseur.
Dans ces entrefaites, les creuseurs artisanaux grincent les dents. Hier patrons de leur activité, ces creuseurs profitaient de leur travail et faisaient vivre la cité après le chantier, aujourd’hui, ils sont devenus de petits négriers à la solde des exploitants libanais et chinois.
« Je déplore l’interdiction de sortir les minerais des sites, tout est fait pour imposer un prix modique non négociable. Un autre fait est que nos minerais sont dépréciés par ces exploitants « chinois, libanais » qui, avec leurs balances et metorex, nous donnent un poids et une mesure autres que ce que nous avons produit », a dénoncé Patrick Tshombe, creuseur de son état.
Céline Katang, femme habitant le site de Tulizembe qui exploite du cuivre et cobalt, site sous supervision de la COMIBAKAT et exploité par une entreprise chinoise, mais n’a rien fait pour la communauté.
« Le site Tulizembe exploite allègrement les gisements de cuivre et cobalt, mais en retour, nos enfants demeurent analphabètes, pas d’écoles, pas d’hôpitaux, ni de routes, alors que la coopérative et la province devaient suivre cette situation », a regretté Céline Katang.
Il en est de même du site de Kalukunji, sous la supervision de la COMIBAKAT, les véhicules qui sortent de ce site ne paient aucune taxe, parce que Fifi Masuka aurait instruit tous les services de ne pas intercepter un seul de ses véhicules, sous prétexte que ce site produirait des minerais pour la famille présidentielle dont Maman Marthe Tshisekedi, Patrick Tshisekedi… seraient les points focaux de cette famille régnante (indiscrétions des agents).
Plusieurs Lualabais estiment que ceci serait un chantage pour bien se couvrir.
Infrastructures
Sur le plan infrastructures, Mme le gouverneur avait affirmé, pinces sans rire, qu’on pouvait quitter kolwezi à 7 heures pour atteindre Kasaji à 12 heures. Les reporters de Netic-News qui ont parcouru ce trajet à moto disent avoir constaté que la voie est en état de délabrement très avancé. Les allégations de la gouverneure sont battues en brèche par la réalité sur le terrain.
Les usagers de cette voie, automobilistes et piétons souffrent quand ils s’engagent sur cette route.
A vélo, le trajet Kasaji-Kolwezi est franchi en deux semaines. A moto, c’est endéans 2 jours, soit 48 heures. Par jeep 4×4, c’est trois jours. Il n’existe pas de voie d’accès sur ce trajet.
C’est sur ce trajet que les reporters de Netic News ont croisé Mwant Yav bloqué sur la voie avec sa jeep 4×4.
A Kolwezi, chef-lieu, on présente quelques voies praticables, notamment celles qui mènent vers les entreprises minières, alors que Kolwezi manque de routes. Les quelques voies construites par l’exécutif provincial sont celles qui mènent vers les résidences des proches parents de la gouverneure FIFI MASUKA SAINI, notamment celle qui mène vers la résidence de son fils Jeffrey MASUKA et sa radio ou vers la résidence de son frère Jo Saini, député provincial. Les habitants de Kolwezi racontent que cette artère a été asphaltée en urgence alors qu’elle était en état de délabrement il y a quelque temps, avant que ceux-ci ne choisissent d’habiter le recoin. A ce lot, il faut aussi verser l’avenue où est bâtie l’actuelle résidence de Mme Fifi Masuka.
Les routes d’intérêt général sont délaissées. Bref, le Lualaba présente le visage d’un village où tout est à construire.
Kasaji, la deuxième ville de la province, ne dispose d’aucune avenue asphaltée. De plus, racontent les Lualabais, cette ville n’a jamais été visitées par la gouverneure. Comme d’ailleurs, elle n’a jamais foulé ses pieds ni à Dilolo, ni à Mutshatsha, encore moins à Sandoa, témoignage des habitants de cette partie de la province.
Aucun marché moderne, sinon un petit marché de fortune, Wenze appelé Adèle Kayinda à plein couvert de tôle, ne reflétant aucune image de l’insolente richesse dont regorge la province.
La ville manque de courant électrique, d’eau potable, sinon quelques forages d’eau.
Kasaji ne dispose d’aucune université publique, avec une seule formation hospitalière, celle des missionnaires.
La seule université privée fonctionne sans auditoires viables et on étudie à tour de rôle.
Bref, la ville de Kasaji est enclavée sans voie d’accès !
La ville de Kolwezi dispose quand même d’une route asphaltée, celle qui mène vers le centre-ville. Mais seulement, elle est truffée de nids-de-poule. Pas moyen d’y circuler librement, embouteillage. Les images qui présente Kolwezi comme une ville en plein essor, c’est du surréel. Certainement que ce sont des axes routiers voies qui mènent vers des carrés miniers, entreprises minières, notamment Kamoa, Tenge Fungurume, KCC, SIcomines, etc.
Mais dans la cité de Kolwezi même, il n’y a rien de tel en termes d’infrastructures.
Dans le territoire de Mutshatsha, il n’y a absolument rien, pas un forage d’eau… les habitants puisent l’eau dans la rivière.
Mme le gouverneur n’est jamais allée en tournée dans les trois territoires visés. Les témoignages de la population font foi. Sandoa est dans la même situation.
Dilolo, c’est le même cri. La ville de Kasaji est enclavée.
Les érosions
A part le cosmétique que Mme FIFI MASUKA essaie de présenter, le Lualaba est un vide, le développement n’a pas encore débuté.
Le quartier Joli Site est en voie de disparition, avec beaucoup de têtes d’érosion. L’école Cinquantenaire va bientôt disparaître, car l’érosion pointe à quelques mètres. Aucune autorité urbaine n’y a mis ses pieds. La population est abandonnée à son triste sort.
Sécurité
Sur le plan sécuritaire, le Lualaba n’est pas administré. L’équipe de Netic-News a parcouru plus de 600 km de route, pas une jeep de la police ou un poste de police dans un village. Les habitants en parlent.
A Kolwezi, les cas de viol sont monnaie courante, avec en prime une insécurité ambiante. Les mototaximen témoignent combien ils sont tracassés au quotidien. Ils perdent leurs engins où leurs collègues à la suite de cette insécurité ambiante.
Le quartier Joli Site est l’entité de la ville de Kolwezi la plus insécurisée suivi de Lwilu… Dès la tombe de la nuit, tout le monde se terre dans sa maison, par crainte d’être victime de cas d’insécurité.
Tout Lualaba est en insécurité, à partir de Lwilu, il est difficile de se promener dès que la nuit tombée.
Les quelques agents de l’ordre qu’on rencontre sont sans arme, pas de tenue, moins encore d’engin de mobilité. Ils n’ont pas de motivation et manque de carburant lorsqu’ils ont la possibilité de recourir aux moyens de particuliers. Alors que sous Richard Muyej, les patrouilleurs disposés d’une prime de 10.000 Fc/jour, de la restauration, des engins et munitions étaient mis à leur disposition.
Selon des indiscrétions des agents en charge de la sécurité, c’est ce relâchement de la part de l’autorité provinciale qui est à la base de l’insécurité. A cela s’ajoute aussi la pauvreté, car la population du Lualaba broie du noir et grouille dans une misère indescriptible.
Administration
Sur le plan administratif, les postes juteux sont au main des MASUKA et les SAINI. Il y a une sorte de privatisation de l’administration publique au Lualaba.
La population indexe Mme le gouverneur qui use de népotisme et clientélisme : d’abord les membres de sa famille et ses proches parents au détriment de la compétence qu’on retrouve parmi les Lualabais.
Politique
Sur le plan politique, une forte tension couve au Lualaba, une crise de leadership, dirait-on. La population accuse la gouverneure d’être le commun diviseur de la classe politique du Lualaba. Cette crise ne facilite pas la construction de la province. On dit que Mme Masuka est en conflit avec son ancien chef Richard Muyej, Adèle Kayinda, le sénateur Dominique. Actuellement, elle a en chasse Mme Isabelle Kibassa.
Elle redoute toute mobilisation politique qui n’a pas reçu sa bénédiction sur l’étendue de la province. Quand elle ne peut l’empêcher, elle organise une contre mobilisation au coup de moyen de l’Etat. Fifi MASUKA profite de ces conflits pour asseoir son influence et pour ne rien faire au profit du développement du Lualaba. (Les témoignages des habitants faisant foi).
Cette mini-enquête réalisée par Netic-News existe aussi en version vidéo logée sur sa chaîne YouTube.
GAUTHIER SEY
JEAN KASONGO
ERICK MBUYA
GRÂCE MUSONGO