L’homme d’affaires, ex-gouverneur du Grand Katanga et ancien partenaire de Félix Tshisekedi séjourne plus de 48 heures dans la capitale, où il a atterri furtivement dans la nuit, passant incognito. Il est arrivé à Kinshasa, le mercredi 3 mai 2023 à 22 heures. L’information était gérée par un circuit très restreint de ses plus proches collaborateurs, car certains membres du parti ont été surpris de cette arrivée. Il débarque à Kinshasa sans tambour ni trompette.
Ce qui n’était pas le cas, il y a quelque temps auparavant.
Et puis, cette arrivée tardive, aux heures de nuit, est-ce une stratégie ou par peur de se voir interdire le voyage?
Dans la capitale pour la marche
L’arrivée de Katumbi dans la capitale, pour un long séjour, mais principalement pour prendre part à la marche du samedi 13 mai 2023, a été un non-événement.
Selon ses proches, outre ce calendrier connu, le président sponsor du TP Mazembe va mener des consultations et réunions dans l’objectif de booster l’opposition politique au régime Tshisekedi.
C’est dire que les époques ont vraiment changé. Il n’est pas exagéré de parler d’un Katumbi suffisamment affaibli et diminué, incapable de mobiliser qui séjourné dans la capitale congolaise.
Par rapport à l’activité du 13 mai, ce sera une première pour Katumbi de marcher dans les rues de la capitale contre le régime en place.
Beaucoup de Kinois, en particulier, et de Congolais, en général entendent voir Moïse Katumbi dans la rue.
Sucé par le régime, Katumbi a-t-il encore de quoi à donner ?
Pendant longtemps, Katumbi a servi le régime, mais toujours avec cette menace de quitter la barque chaque fois que ses intérêts étaient en jeu. Que de lignes rouges tracées sans jamais les franchir. Pendant que tout le monde le voyait partir, Katumbi a continué à se ronger les freins.
Le 6 novembre 2020 par exemple, Katumbi arrive dans la capitale pour des consultations en vue de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Ses lieutenants entrent au gouvernement, gèrent le pays avec Tshisekedi, avant de franchir réellement les lignes rouges. Katumbi a donc un bilan à partager avec le régime en place, surtout pour avoir géré certains portefeuilles importants de la vie nationale. Portefeuilles que ses lieutenants ont plaqués après avoir annoncé sa candidature à la présidentielle de décembre 2023. Mais pas tous, car certains lieutenants lui ont simplement tourné le dos ( ministres et députés) qui ont rejoint l’Union sacrée de Félix Tshisekedi.
Asseoir un discours mobilisateur
Dans tous les coups, Katumbi aura fort à faire pour asseoir son discours politique qui devra s’élever entre le combat pour la nationalité (loi sur la congolité) et la mobilisation pour la marche du 13 mai 2023. Mais alors quel discours parce qu’il a aussi un bilan de gestion à présenter pour avoir cogéré pendant 2 ans avec Tshisekedi ? Il faut donc un nouveau discours pour mobiliser. C’est là le grand défi qui attend Katumbi avant le 13 mai face à la population kinoise très éveillée.
Comme pour ainsi dire, Katumbi doit se battre sur deux fronts; un peu comme sous le régime Kabila, où l’homme d’affaires devait Lutter à la fois contre les affaires judiciaires et le front politique pour faire partir Kabila. Ce qui lui a valu un exil de trois ans.
L’histoire bégaye encore
Aujourd’hui encore, Katumbi fait face à deux fronts: mobiliser contre la loi Tshiani et mobiliser en vue de sanctionner le régime Tshisekedi. Mais cette fois, Katumbi a perdu de sa superbe. Financièrement, matériellement et moralement affaibli pour avoir perdu le procès contre Beveraggi; perdant du même coup sa bourse, quelques lieutenants…
A-t-il suffisamment de ressources pour s’en sortir?
Katumbi, l’enfant prodigue !
De plus, Katumbi revient vers ce qu’il avait vomi. Depuis Genève à l’élection de Tshisekedi, Katumbi a rompu ses amarres avec Lamuka à son retour au pays par lubumbashi. Le rassemblement de l’opposition ayant accouché d’une souris après la désignation de Fayulu comme candidat unique de l’opposition, Fatshi et VK ayant fait fausse route, suivi de Katumbi d’abord, puis Bemba après quils soient rapprochés du pouvoir entrant (Félix Tshisekedi) ou tous les deux à la fois avaient pris leur distance vis-à-vis de Lamuka.
Aujourd’hui, avec la rencontre à quatre à Lubumbashi, l’unité semble revenir dans les rangs Lamuka. Mais pour combien de temps? Le démon ayant présidé à l’échec des pourparlers de Genève a-t-il été exorcisé pour donner du crédit à cette nouvelle initiative ?
Fayulu et Katumbi ont-ils eu le temps de se pardonner mutuellement ou apprendront-ils à se supporter, à se surpasser pour partir sur de nouvelles bases? Des inquiétudes demeurent.
Alors que la RTBF l’interrogeait sur la haine de Fayulu contre Tshisekedi, après les élections de décembre 2018, Katumbi n’a pas eu le courage de se déterminer, restant très évasif dans ses réponses. Aura-t-il suffisamment d’énergie et de pugnacité pour condamner le régime afin de rassurer son partenaire Fayulu dont la hargne contre son frère de l’Eglise Philadelphie n’a plus besoin de croquis ou de schéma ?
Cela est moins sûr, car Katumbi n’a pas réussi à s’imposer ou à imposer ses marques.
Le regroupement formé après Lubumbashi s’appelle Bloc patriotique. Juste après la rencontre de Lubumbashi, ils se sont entrées dedans. Si les proches de Katumbi se sont prononcés pour la candidature du chairman les lieutenants de Lamuka ont formellement rejeté cette idée.
La coalition Lamuka a confirmé que le président élu, Martin Fayulu, demeure son candidat unique à la présidentielle de 2023 », a déclaré le 17 avril, Prince Epenge, porte-parole de cette plateforme de l’opposition. Il démentait ainsi l’information rapportée par la presse de Kinshasa, selon laquelle Martin Fayulu aurait renoncé à la présidentielle de 2023 pour soutenir la candidature de Moïse Katumbi.
Riche homme d’affaires et gouverneur de la province minière du Katanga de 2007 à 2015, Moïse Katumbi a poursuivi son business minier, alimenté en partie par des contrats publics, en le logeant dans de discrètes sociétés offshore, rappelle-t-on.
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