Le président de la Chambre basse du Parlement congolais est-il la cible d’un complot orchestré par ses adversaires politiques ? La question fait débat.
Du côté de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), le doute n’est pas permis : Vital Kamerhe serait bel et bien dans le viseur de ses détracteurs, parmi lesquels figure notamment le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso.
Une simple erreur ou un lapsus révélateur ?
Une vidéo virale sur les réseaux sociaux a mis le feu aux poudres. Dimanche 9 mars, lors d’une rencontre avec des chefs coutumiers, Christophe Mboso a, semble-t-il, imploré publiquement la mort de son collègue et supérieur hiérarchique, Vital Kamerhe.
Face à l’onde de choc provoquée par ces propos, le camp Mboso a tenté de désamorcer la polémique en évoquant un lapsus. Selon eux, le nom de Kamerhe aurait été prononcé par inadvertance à la place de celui de Paul Kagame, président rwandais souvent accusé d’ingérence en RDC via le M23.
« Il est clair que Mboso, s’adressant aux chefs coutumiers, parlait de Paul Kagame et non de Vital Kamerhe. Il s’agit simplement d’un lapsus. Sortir un extrait de son contexte pour alimenter une fausse narration relève de la pure propagande. Ne tombons pas dans le piège de la désinformation », affirment des proches de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Une justification que l’UNC et de nombreux internautes jugent peu crédible.
De l’abondance du cœur, la bouche parle
L’expression biblique « De l’abondance du cœur, la bouche parle » signifie que les paroles d’une personne traduisent souvent ses pensées profondes. Autrement dit, ce qu’une personne exprime spontanément reflète ce qu’elle ressent réellement.
Sur les réseaux sociaux comme au sein de l’UNC, peu adhèrent à l’argument du lapsus avancé par les proches de Christophe Mboso. Certains estiment que l’âge avancé du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale – dépassant les 80 ans – pourrait expliquer une confusion verbale. D’autres soupçonnent qu’il aurait tenu ces propos sous l’emprise de l’alcool.
D’autres encore voient dans cette déclaration un acte à connotation mystique contre Vital Kamerhe. Selon eux, « de l’abondance du cœur, la bouche de Mboso a parlé », révélant ainsi une rancune enfouie contre l’autorité morale de l’UNC.
Une rivalité tenace
Depuis la course à la présidence de l’Assemblée nationale en mai 2024, Vital Kamerhe et Christophe Mboso sont en opposition frontale. Le premier a remporté la bataille des urnes, mais la tension entre les deux hommes est restée palpable.
Selon certaines sources, Mboso Nkodia n’aurait jamais digéré sa défaite face à Kamerhe. Déjà lors des élections, des rumeurs persistantes faisaient état de pratiques fétichistes auxquelles aurait eu recours le deuxième vice-président pour tenter d’inverser le sort.
Certains avaient même tenté de lier l’attaque contre la résidence de Kamerhe à Christophe Mboso, avant que le gouvernement ne l’attribue à une tentative de coup d’État menée par Christian Malanga.
Les tensions ont éclaté au grand jour lorsque, lors d’une plénière à l’Assemblée nationale, des partisans de Mboso ont tenté de perturber la présidence de la séance conduite par Kamerhe. Ce dernier s’était alors montré particulièrement ferme face à son prédécesseur.
Ainsi, bien que l’incident du 9 mars puisse être interprété comme un simple lapsus, il n’a fait que raviver les tensions entre ces deux poids lourds de la scène politique congolaise.
Kilemasi Muhindo
