Promesses non tenues et désillusions sociales. Ces deux slogans, portés par l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) lors de son opposition, peinent aujourd’hui à se concrétiser, six ans après l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi. Loin de vivre un progrès social, la population congolaise, particulièrement à Kinshasa, voit ses conditions de vie se détériorer.
Après avoir accordé sa confiance au régime actuel, lassée par les 18 ans de pouvoir de Joseph Kabila, la population se retrouve aujourd’hui face à de nouvelles désillusions.
Des promesses sans suite
Le 12 août 2022, lors d’un Conseil des ministres, Félix Tshisekedi annonçait vouloir réduire le train de vie des institutions, mesure présentée comme essentielle pour améliorer les conditions sociales de la population. Le budget de 2023 devait être axé sur des dépenses d’investissement dans les secteurs sociaux de base.
La Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, avait également mis l’accent sur cette réduction lors de ses consultations avec les forces politiques et sociales. Cependant, ces recommandations semblent avoir eu peu d’effet concret.
Pour l’exercice 2024, le budget, fixé à 16,185 milliards de dollars américains, consacre plus de 67% des dépenses au fonctionnement des institutions, dont 33,10% alloués à l’administration. Les secteurs de l’enseignement et de la santé, essentiels pour le développement social, ne reçoivent en réalité que 7% du budget, alors que 5% seulement sont destinés aux autres secteurs sociaux. Cette répartition laisse peu d’espoir à une amélioration rapide des conditions de vie.
Face à une inflation galopante et une hausse des prix des denrées de base et du transport, le quotidien des ménages devient de plus en plus insupportable. Bien que le taux de change soit stabilisé à 28 500 francs congolais pour 10 dollars, la précarité salariale continue d’entraver l’accès au logement, à l’éducation et aux services sociaux.
Le peuple sacrifié aux intérêts égoïstes
Le slogan « Le peuple d’abord » s’efface progressivement face à la défense des intérêts personnels des politiciens, qui semblent avoir pris le dessus sur le bien-être collectif. Les députés et sénateurs, dont les émoluments dépassent les dix mille dollars, refusent toute réduction de leurs avantages, exacerbant ainsi le fossé entre les élites politiques et la population.
Certains observateurs estiment que la population se retrouve prisonnière d’un cercle vicieux de promesses politiques non tenues. Comme s’il avait anticipé la dérive de son parti, Étienne Tshisekedi, l’instigateur du slogan « Le peuple d’abord », avait invité les Congolais à se prendre en charge. Un message toujours d’actualité, face à un pouvoir qui semble s’éloigner de ses idéaux initiaux.
Bienvenu Musoy