Plus de trois ans après le début des opérations militaires conjointes FARDC-UPDF, les autorités congolaises et ougandaises étudient la possibilité d’étendre la zone opérationnelle sur le sol congolais.
Le lundi 17 février dernier, les responsables des deux armées se sont rencontrés à Boga, en territoire d’Irumu, dans la province de l’Ituri, afin d’évaluer les opérations menées contre les djihadistes des ADF.
Selon le porte-parole de l’armée congolaise dans la région, ces discussions se poursuivront les mardi 18 et mercredi 19 février et pourraient déboucher sur une extension du périmètre d’intervention de la coalition.
« Nous revenons de Boga où s’est tenue une réunion d’harmonisation afin que l’UPDF et les FARDC mènent les opérations de manière ordonnée, coordonnée et planifiée. Notre objectif dans ces opérations conjointes est de rechercher la paix et la sécurité pour nos populations », a déclaré le lieutenant Jules Ngongo.
Cependant, l’arrivée récente de soldats ougandais dans d’autres localités de l’Ituri suscite de nombreuses interrogations.
Les déclarations controversées du général Muhoozi Kainerugaba
Le chef d’état-major général de l’armée ougandaise, le général Muhoozi Kainerugaba, a une nouvelle fois publié une série de messages sur son compte X (anciennement Twitter), laissant entendre que son armée pourrait attaquer la ville de Bunia pour protéger « les Ougandaphones ».
Dans ses publications, le fils du président ougandais appelait les forces présentes sur place à déposer les armes :
« Bunia sera bientôt à nous », a-t-il écrit.
Ces déclarations, perçues comme un soutien explicite au M23, ont suscité de vives réactions. En décembre dernier, Muhoozi Kainerugaba avait déjà affirmé qu’en janvier 2025, tous les « mercenaires blancs » seraient combattus à Goma et dans ses environs. Entre le 26 et le 30 janvier, la ville est effectivement tombée aux mains des assaillants.
Peu après, il annonçait que les mercenaires présents à Bukavu subiraient le même sort. Le dimanche 16 février dernier, la ville est passée sous contrôle des rebelles.
Dans une autre publication, il mettait en garde ceux qui s’opposent au M23, affirmant que ces rebelles « défendent la cause de leur frère ».
L’absence de réaction officielle de Kinshasa
Jusqu’à présent, Kinshasa n’a jamais officiellement réagi aux prises de position du général ougandais. Pourtant, c’est dans ce contexte de tensions et d’incertitudes que la coalition FARDC-UPDF envisage d’étendre sa zone d’intervention, alors que le M23 continue sa progression dans la région.
La situation reste donc floue, et les conséquences d’une telle extension pourraient avoir des répercussions majeures sur l’évolution du conflit dans l’est de la RDC.
Kilemasi Muhindo