Les forces vives de la ville de Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba sont descendues hier samedi 8 avril dans la rue. A cette activité se sont associés quelques partis membres de l’Union sacrée et mouvements associatifs.
Motif : réclamer le retour a l’ordre constitutionnel. La marche a été interdite par le maire de la ville Me Jacques Masengo Kindele.
Pour l’autorité urbaine, la solution à cette question ne viendrait pas du Lualaba étant donné que la question posée est hautement politique.
Ce qui sonne faux et aberrant aux yeux des manifestants qui estiment qu’ils sont dans leur droit le plus légitime de manifester contre ce qu’ils estiment injuste. Aussi plaident-ils pour la mise en place d’institutions fortes animées par des personnalités ayant grande connaissance de la loi et qui savent les interpréter à juste titre. De plus, la RDC est dans un régime d’information pour ce qui est de la tenue de marches.
Le maire n’avait pas le droit de refuser cette marche et de surcroît un praticien de droit.
Les organisateurs de la marche se sont assemblés à la place de la Poste, où ils ont fait face à un dispositif policier impressionnant pour les dissuader. Ils ont tenté le forcing, mais les officiers sur place les ont poussés à réfléchir suivant la lettre du maire qui considère que Richard Muyej est toujours gouverneur de province, car depuis qu’il a présenté sa démission, le chef de l’État n’a jamais pris acte de cette démission. C’est donc un gouverneur empêché ou retenu par sa hiérarchie a Kinshasa.
Pour Me Jacques Masengo, il est impossible qu’on demande le retour à l’ordre constitutionnel, à ce jour.
Pour les marcheurs, il y a violation de la loi, selon les prescrits des textes légaux, notamment l’article 160 de la loi n°17/013 du 24 décembre 2017 modifiant et complétant la Loi n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, telle que modifiée et complétée par la loi électorale du 22 juin 2022 qui dispose que le remplacement du gouverneur est organisé par la Commission Electorale Nationale Indépendante dans les 15 jours suivant sa démission.
Dans leur fougue, les marcheurs ont foncé jusqu’à l’assemblée provinciale où ils ont déposé un mémo où ils dénoncent l’anarchie, le clientélisme, le népotisme dans la gestion de l’actuelle cheffe de l’exécutif provincial et la prise en otage de la province par la gouverneure ai Fifi Masuka et ses hommes de main.
La vérité est que certains membres de l’Union sacrée veulent en découdre avec Fifi Masuka Saïni pour cause de gestion qui a présenté beaucoup de limites.
Après le dépôt du mémo, l’un des marcheurs s’est exprimé en ces termes : « Nous sommes très déçus du fait que les Lualabais étaient déterminés de marcher aujourd’hui. La marche était annoncée pacifique, pour réclamer le retour à l’ordre constitutionnel dans notre province. Comme cette démarche ne plaît pas à plusieurs autorités de la province, voilà on a déployé beaucoup de policiers pour nous barrer la route. Cela a commencé au niveau de la Poste où nous avons collaboré avec la police. Là, on nous a demandé de ne plus marcher, pour ne constituer qu’une équipe de 15 personnes. Nous sommes venus à l’Assemblée provinciale pour déposer notre mémorandum comme la police nous l’a conseillé. Nous apprendrons qu’il n’y avait personne alors que notre souci était de déposer notre memo entre les mains du bureau de l’assemblée provinciale. Tout le bureau a fui et nous sommes déçus de ces députés que nous avons envoyé au niveau de l’assemblée provinciale. Voila pourquoi la population s’est soulevée et a manifesté son mécontentement. La police nous a maitrisé et demandé que trois personnes entrent pour déposer le mémo, on a accusé réception. Pour nous, le pari est gagné ».
Parler du retour à l’ordre constitutionnel, cela sous-entend qu’il y ait élection du nouveau gouverneur et son vice.
« Richard Muyej ayant déjà démissionné, pourquoi ça traine. Toutes les lois sont violés. Comment veut-on maintenir le Lualaba dans une condition d’ingouvernabilité jusqu’à ce jour ? C’est décevant ! Voila pourquoi la population est déterminée pour qu’on puisse avoir un nouveau gouverneur qui soit capable de prendre de grandes décisions pour engager la province qui est aujourd’hui à genoux. La province est en train de saigner ».
Depuis Kolwezi Gauthier Sey