Accueil Blog Réforme constitutionnelle en RDC : un coup de force pour prolonger le pouvoir de Félix Tshisekedi ?

Réforme constitutionnelle en RDC : un coup de force pour prolonger le pouvoir de Félix Tshisekedi ?

Par Redaction Netic
0 comments

Le projet de réforme constitutionnelle en République Démocratique du Congo (RDC) fait couler beaucoup d’encre et suscite de vives réactions au sein de l’opinion publique et de la classe politique. Alors que le président Félix Tshisekedi a exprimé ce mercredi lors d’un discours à Kisangani, son intention de revoir la Constitution actuelle en raison de son origine étrangère, une frange de la société dénonce une tentative de modification sur mesure pour prolonger son maintien au pouvoir.

« Notre Constitution n’est pas bonne. Elle a été rédigée à l’étranger par des étrangers. Il faut une Constitution basée sur nos réalités », a déclaré le chef de l’État, justifiant ainsi la nécessité d’un référendum pour élaborer une nouvelle loi fondamentale. Cette déclaration relance les débats sur la possibilité d’une réforme qui pourrait remettre en question certaines dispositions intangibles de l’actuelle Constitution, notamment l’article 220 qui limite le nombre de mandats présidentiels.

Des accusations de manipulation institutionnelle

L’analyste politique Hervé Diakiese, dans une sortie critique à l’endroit du président Tshisekedi, n’a pas tardé à réagir, soulignant que derrière ce discours se cache une tentative de manipulation des institutions. Selon lui, l’objectif réel de cette réforme serait de permettre à Félix Tshisekedi de se maintenir indéfiniment au pouvoir. « Les dispositions verrouillées de l’article 220, notamment la limitation des mandats, ne peuvent pas faire l’objet de référendum. Ce qu’on n’a pas le courage de dire, c’est qu’une nouvelle Constitution remettra les pendules à zéro et permettra à Félix Tshisekedi d’être candidat à vie », a-t-il affirmé, dénonçant ainsi un plan orchestré pour contrôler toutes les institutions impliquées dans le processus.

L’opposant Diakiese va plus loin en évoquant le contrôle que le président Tshisekedi exercerait sur la commission en charge de l’élaboration de cette nouvelle Constitution, ainsi que sur la CENI et la Cour constitutionnelle, garantissant ainsi l’approbation de ses réformes. Selon lui, cette démarche n’est rien d’autre qu’une stratégie pour contourner les limites imposées par la Constitution actuelle, pour laquelle de nombreux Congolais sont tombés lors des manifestations orchestrées par le Comité laïc de coordination (CLC).

Un référendum sous tension

La question du référendum pour changer la Constitution intervient dans un contexte politique tendu, où les appels à préserver les acquis démocratiques se multiplient. De nombreux observateurs craignent que ce processus ne soit qu’une façade démocratique pour légitimer une présidence à vie, d’autant plus que la Constitution actuelle, adoptée en 2006, interdit toute modification des dispositions liées à la limitation des mandats. Pour ses détracteurs, ce projet de réforme représente une menace directe pour les avancées démocratiques obtenues après des années de lutte.

En réaffirmant que « le peuple gagne toujours », H. Diakiese exprime la conviction que cette tentative de réforme ne passera pas, misant sur une mobilisation populaire similaire à celle qui a fait échouer d’autres manœuvres politiques dans le passé. Toutefois, la question demeure : le peuple sera-t-il véritablement consulté ou cette réforme servira-t-elle d’instrument pour concentrer le pouvoir entre les mains du président Tshisekedi ?

Vers une polarisation accrue du débat politique

Alors que l’idée d’un référendum constitutionnel continue de diviser, les voix de l’opposition et des acteurs de la société civile se font de plus en plus entendre. Pour eux, toute réforme doit être l’aboutissement d’un véritable consensus national et non d’un processus imposé par le pouvoir en place.

Félix Tshisekedi se trouve ainsi à un tournant de son mandat. Sa volonté de réformer la Constitution pourrait, si elle n’est pas menée avec transparence, alimenter un climat de méfiance et d’instabilité dans un pays où les tensions politiques sont encore vives. Le peuple congolais, qui a payé le prix fort pour ses libertés, sera-t-il prêt à accepter une nouvelle Constitution qui pourrait relancer les ambitions présidentielles du chef de l’État ? Les mois à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir de la démocratie en RDC.

Gilbert Ngonga

Vous aimerez peut-être aussi

Leave a Comment

Actuaite en RDC 

A La une

Latest Posts

Netic-News  , Une société de médias – Tous droits réservés. Conçu et développé par FMDIGIT