Les réactions fusent de toutes parts après le sommet extraordinaire SADC-EAC, tenu samedi dernier en Éthiopie. Cette rencontre, qui visait à trouver une issue à la crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a abouti à une position qui place dos à dos Kinshasa et Kigali, avec comme point central la nécessité d’un dialogue avec le M23.
Réagissant le dimanche 9 février 2025, l’honorable Joseph Nkoy Wembo, rapporteur adjoint de la Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale, a vivement critiqué les conclusions de ce sommet, les qualifiant de « mauvaise décision ». Selon lui, plusieurs interrogations demeurent, notamment sur la pertinence de la fusion des processus de Luanda et de Nairobi, ainsi que sur les mesures de sécurisation de la ville de Goma, sans qu’au préalable ne soit évoqué le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais.
Un sommet biaisé au profit de Kigali ?
« La moisson a été maigre, car on a l’impression que le sommet extraordinaire SADC-EAC valide toutes les thèses du président Paul Kagame et ne favorise pas une issue rapide et juste de la crise. Le processus de Nairobi et celui de Luanda ne peuvent être fusionnés. Le premier concerne les relations bilatérales entre le Rwanda et la RDC, tandis que le second vise les groupes armés locaux. Leur fusion allonge le processus dans le temps, permettant ainsi aux troupes rwandaises de rester sur le territoire congolais en violation flagrante de l’intégrité et de la souveraineté nationale », a déclaré Joseph Nkoy Wembo.
L’élu de Katakokombe, dans la province du Sankuru, s’interroge également sur les mesures prises pour la sécurisation de Goma, notamment la réouverture de son aéroport et des principales voies de communication. Il estime que ces dispositions suscitent une inquiétude légitime au sein de la population congolaise :
« Avec quelle administration publique ces décisions seront-elles appliquées ? En réalité, ces mesures consacrent purement et simplement la balkanisation de la RDC », tranche fermement le rapporteur adjoint de la Commission Défense et Sécurité.
Les recommandations du sommet SADC-EAC
Pour rappel, le sommet extraordinaire SADC-EAC a adopté plusieurs résolutions, parmi lesquelles :
Cessation immédiate des hostilités et cessez-le-feu inconditionnel, à respecter par toutes les parties étatiques et non étatiques sous la supervision des chefs de la défense conjoints EAC-SADC ;
Réouverture de l’aéroport de Goma et des principales routes d’approvisionnement afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire ;
Mise en place d’un plan de sécurisation de Goma et ses environs ;
Rapatriement immédiat des dépouilles des victimes et prise en charge des blessés ;
Engagement sans condition des parties prenantes dans un dialogue inclusif pour résoudre la crise dans l’Est de la RDC ;
Reprise du processus de Nairobi et renforcement de la coordination avec le processus de Luanda ;
Mise en œuvre du Concept d’Opérations (CONOPS) pour neutraliser les FDLR et lever les mesures défensives du Rwanda, y compris le désengagement des forces congolaises ;
Dialogue avec les groupes armés non étatiques, y compris le M23 ;
Facilitation de l’aide humanitaire en mobilisant les prestataires de services humanitaires ;
Découragement des discours incendiaires et des actions susceptibles de créer des tensions communautaires.
Ces décisions, loin de rassurer, suscitent un vif débat en RDC, où de nombreuses voix dénoncent un processus qui pourrait légitimer la présence du Rwanda sur le sol congolais.
Rodriguez Kikamba