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Sommet SADC-EAC : Que compte faire Félix Tshisekedi ?

Par Redaction Netic
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Le régime de Kinshasa est à la croisée des chemins. Le M23, une milice soutenue par le Rwanda, a conquis Goma (Nord-Kivu) depuis une dizaine de jours et tente de progresser vers Bukavu (Sud-Kivu) ou encore Butembo (Nord-Kivu), bien que bloqué par les troupes gouvernementales.

Dans ce contexte de tensions qui ont coûté la vie à plus de 3000 personnes dans le chef-lieu du Nord-Kivu, la SADC et l’EAC, deux organisations régionales, ont urgemment convoqué un sommet conjoint pour statuer sur la question et essayer de sortir le pays de la crise.

De nombreuses résolutions sont ressorties de ces assises, dont la plus amère pour Kinshasa est sans aucun doute l’idée de mener des négociations directes avec les assaillants.

Le gouvernement congolais a affirmé qu’il saluait ces clauses, laissant ainsi les Congolais dans l’embarras quant à la suite des événements. Car, chaque fois que le chef de l’État s’est prononcé sur le sujet, il s’est montré catégoriquement intransigeant : « Jamais, au grand jamais, tant que je serai président de la République, je n’aurai en face de moi la délégation du M23 ou de l’AFC pour négocier. Jamais », avait-il tranché dans une de ses récentes interviews à la presse.

Et, il y a peu, toujours rigide, alors qu’il échangeait avec des élus de son obédience à Kinshasa, Félix Tshisekedi a rassuré que même si le M23 arrivait aux portes de son bureau, il ne plierait jamais en faveur des pourparlers.

Un pas vers le dialogue

Le sommet du samedi 8 février dernier à Dar-es-Salaam, auquel Félix Tshisekedi et Judith Suminwa ont participé, a quelque peu balisé le terrain pour des négociations.

En affirmant qu’il s’en tenait aux processus de Luanda et de Nairobi et en saluant les résolutions du sommet, les autorités congolaises semblent maintenant prêtes à se jeter à l’eau. D’ailleurs, depuis quelques jours, le refus catégorique de négocier tel qu’il se développait avant la chute de Goma n’est plus très usuel dans le langage des officiels congolais.

La SADC et l’EAC sont toutes deux persuadées que la voie politique est aujourd’hui le chemin obligé pour réimposer la paix dans l’est du Congo. Sauf qu’à ce stade, Kinshasa ne s’est pas encore dédit. Le « jamais » du chef de l’État bloque jusqu’ici les portes pour toute sortie de crise par ce canal.

Mais, que compte faire le gouvernement congolais, lui qui comptait sur les mercenaires roumains et les troupes de la SADC, qui sont toutes en train de se désengager et d’être rapatriées ?

Sur le plan militaire, la République démocratique du Congo n’a pas pu faire mieux à ce stade. En s’emparant de Goma, le M23 semble avoir contraint Kinshasa à se plier à ses caprices. En même temps, les menaces persistantes sur Bukavu ou encore Butembo enflamment davantage la situation, de sorte qu’il faut épargner les vies des citoyens et empêcher la progression des assaillants.

Dialoguer ou rien, mais à quel prix ?

À ce stade, la voie politique semble inéluctable. Face à l’échec des canaux militaires et diplomatiques, la République démocratique du Congo, qui a perdu de vastes étendues, est quasiment contrainte de parler à l’ennemi. Mais, quel pourrait en être le coût ?

C’est en effet l’inquiétude de bon nombre de Congolais. Certains analystes et acteurs, dont Vital Kamerhe, ont envisagé les pourparlers alors que le M23 était encore à Bunagana, la toute première cité prise par les rebelles le 13 juin 2022.

Cependant, des partisans du pouvoir ont développé une rhétorique hostile contre toute idée allant dans ce sens. Le M23 a ainsi progressé, prenant villages après villages jusqu’à contrôler Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Appuyé par Kigali, l’ennemi n’a pas désarmé et veut aller plus loin.

Sur le plan opérationnel, la RDC a perdu plusieurs batailles, ce qui ne la met pas dans des conditions de changer tout de suite la donne. C’est donc dans ce contexte que le pays risque d’être contraint de négocier avec le groupe armé pro-rwandais.

Sans se tromper, il est inévitable que l’ennemi place la barre plus haut, du fait de l’avantage qu’il a aujourd’hui sur la RDC. Comme par le passé, il ne serait pas surprenant de le voir exiger l’amnistie et l’intégration de ses hommes au sein des FARDC avec leurs grades respectifs.

Par ailleurs, du fait de remettre en cause les élections de décembre 2023, on redoute qu’ils en arrivent à exiger leur intégration au sein des instances du pays et, pire, à exiger la démission du chef de l’État.

L’équation est ainsi difficile à résoudre. Négocier avec les rebelles sous-entend qu’on accède à plusieurs de leurs revendications, même celles qui sont incendiaires pour le pays. En même temps, ne pas engager un dialogue direct met en danger les vies des Congolais et fait courir à la République le risque de voir les assaillants contrôler davantage d’entités qu’il n’en est question aujourd’hui.

Kilemasi Muhindo

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