Alors que le débat sur une éventuelle révision de la Constitution s’intensifie, les déclarations du député national Steve Mbikayi, proche de l’Union sacrée, viennent alimenter les tensions. S’exprimant ce jeudi sur son compte X (anciennement Twitter), il a qualifié les manifestations projetées par l’opposition de « peine perdue », affirmant que ces actions contribueraient paradoxalement à renforcer la légitimité de la démarche initiée par le président Félix Tshisekedi.
« Si l’opposition restait silencieuse, la démarche du Président de la République serait moins crédible. Ça laisserait entrevoir que l’opposition et la démocratie n’existent pas au Congo », a-t-il écrit.
Cette prise de position intervient au lendemain de la déclaration commune de l’opposition politique, faite sous les auspices de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), dénonçant toute tentative de modification ou de révision de la Constitution. Les leaders de l’opposition, dans leur discours, ont juré d’organiser des manifestations citoyennes dans tout le pays et à l’étranger pour défendre ce qu’ils considèrent comme un « acquis démocratique ».
Une stratégie pour neutraliser l’opposition ?
Pour Steve Mbikayi, la majorité présidentielle ne devrait pas s’opposer aux manifestations projetées par l’opposition. Au contraire, il suggère qu’elles soient perçues comme une opportunité stratégique pour démontrer le caractère démocratique de la réforme envisagée. « La majorité ferait mieux d’encourager stratégiquement les manifestations projetées par l’opposition », a-t-il ajouté, tout en recommandant une mobilisation populaire par les élus et gouverneurs de l’Union sacrée dans les provinces.
Selon le député, cette mobilisation proactive donnerait une apparence de référendum populaire, même si, conformément à l’article 218 de la Constitution, une telle réforme pourrait être entérinée directement par le Parlement, réuni en Congrès, à une majorité des trois cinquièmes des membres.
L’opposition en difficulté ?
Mbikayi n’a pas caché son scepticisme quant aux chances de succès des actions entreprises par l’opposition. « L’opposition n’a pas d’issue », a-t-il conclu, laissant entendre que les manifestations projetées ne seraient qu’une « goutte d’eau dans la mer », face à une majorité résolue à soutenir le projet du Chef de l’État.
Un climat politique sous tension
Les propos du député illustrent la polarisation croissante du débat politique en RDC. L’opposition, qui accuse le président Tshisekedi de vouloir modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, voit dans cette révision une atteinte grave à l’État de droit. La majorité, de son côté, insiste sur la nécessité de réformes pour consolider les institutions et améliorer la gouvernance.
Alors que la tension monte, la population congolaise, divisée, observe avec inquiétude un bras de fer dont les répercussions pourraient être déterminantes pour l’avenir démocratique du pays. La scène politique congolaise s’apprête ainsi à vivre des semaines agitées, marquées par des manifestations et des contre-manifestations, avec un enjeu central : l’intégrité de la Constitution de 2006.
Gilbert Ngonga