La proposition d’Olivier Kamitatu, cadre du parti politique de Moïse Katumbi, visant à transformer la République Démocratique du Congo (RDC) en République fédérale, continue de susciter des réactions au sein de la classe politique congolaise. Même dans les rangs de l’opposition, les avis sont loin d’être unanimes.
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cette initiative, perçue par certains comme une tentative voilée de balkanisation du pays.
Mushobekwa s’insurge contre une « fausse solution »
Marie-Ange Mushobekwa, cadre du Front Commun pour le Congo (FCC) et ancienne députée nationale, s’est opposée fermement à cette proposition, défendant la forme actuelle de l’État.
« Je soutiens la forme de l’État définie dans notre Constitution, à savoir un État unitaire fortement décentralisé. En réalité, notre système est hybride : un mélange de fédéralisme et d’unitarisme. La Constitution consacre la libre administration des provinces sous le contrôle des assemblées provinciales, lesquelles, malheureusement, ne jouent pas pleinement leur rôle. Elles sont devenues une véritable plaie. L’Assemblée nationale, depuis le coup d’État institutionnel de novembre 2020, s’est transformée en caisse de résonance de la Présidence de la République, tandis que le Sénat est devenu une chambre de somnolence », a-t-elle déclaré.
L’ancienne ministre estime que les blocages qui freinent le développement de la RDC ne tiennent pas à la forme de l’État, mais au non-respect de la loi fondamentale.
« Si notre pays n’avance pas, c’est en raison de la violation constante de la Constitution, du dysfonctionnement des institutions et de la gestion émotionnelle des affaires de l’État. Le chaos est palpable. Si la Caisse nationale de péréquation fonctionnait normalement, si la justice était véritablement indépendante et capable de réprimer la corruption, la fraude et la mauvaise gouvernance, nous aurions déjà fait un grand bond en avant. À mon humble avis, la RDC et son peuple ne sont ni assez mûrs ni suffisamment préparés pour le fédéralisme. Celui-ci risquerait d’aboutir à une balkanisation du pays. »
Lamuka dénonce une tentative déguisée de partition
Du côté de la coalition Lamuka, le ton est encore plus virulent. Son porte-parole, Prince Epenge, n’y va pas par quatre chemins :
« Le fédéralisme n’est qu’un qualificatif sexy du mot balkanisation ! Même avec de la vaseline, Monsieur Kamitatu, ça ne passera pas. Ce n’est pas la forme unitaire de l’État qui appauvrit le Congo, mais bien la médiocrité des dirigeants d’hier et d’aujourd’hui ! »
Kamitatu défend une vision de rupture
Face à ces critiques, Olivier Kamitatu maintient sa position. Selon lui, le modèle unitaire a échoué à garantir le développement harmonieux du pays. Sa proposition repose sur la création de six grandes régions historiques : l’Orientale, l’Équateur, le Kongo, le Kasaï, le Katanga et le Kivu. Celles-ci bénéficieraient d’une autonomie constitutionnelle, avec leurs propres institutions, ressources et compétences dans plusieurs domaines.
Il suggère une répartition des richesses plus équitable : 60 % des revenus reviendraient aux régions, 30 % à l’État fédéral et 10 % à un fonds de péréquation.
Le débat est lancé. Reste à savoir si cette idée trouvera un écho favorable dans une société congolaise profondément attachée à l’unité nationale, mais de plus en plus exaspérée par les inégalités et la mauvaise gouvernance.
Bienvenu Musoy