Un rapport accablant publié mercredi 8 janvier par le groupe d’experts des Nations unies révèle l’intensification du recrutement forcé par la coalition politico-militaire AFC-M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis avril 2024, le groupe armé, sous la direction de Sultani Makenga, a formé des milliers de nouvelles recrues, dont des mineurs, pour soutenir son expansion territoriale et son influence dans la région.
Entre le 25 septembre et le 31 octobre 2024, au moins 3 000 combattants ont terminé leur formation militaire dans les zones contrôlées par l’AFC-M23, tandis que 2 500 autres étaient encore en formation à la fin de l’année. Parmi ces recrues, 600 membres proviennent du groupe armé Zaïre de l’Ituri, marquant une collaboration stratégique entre l’AFC-M23 et d’autres factions armées de la région.
Une cérémonie de remise des diplômes, organisée le 2 octobre 2024 à Tchanzu, a mis en lumière l’ampleur de ces activités, avec la participation de 300 officiers nouvellement formés. Les camps d’entraînement ne se limitent pas aux formateurs congolais ; des officiers des Forces de défense ougandaises (UPDF) et rwandaises (RDF) ont également été identifiés parmi les instructeurs, selon le rapport.
Le recours au recrutement forcé, incluant des enfants, constitue une violation grave du droit international humanitaire. Ces mineurs, particulièrement vulnérables, sont soumis à un endoctrinement idéologique et à des formations militaires rigoureuses, exacerbant les souffrances infligées aux populations locales.
L’AFC-M23 ne se limite pas à des activités militaires. Le groupe investit également dans la collecte de renseignements et des campagnes d’endoctrinement idéologique pour rallier la population dans les territoires qu’il ne contrôle pas encore. Ce double objectif militaire et idéologique reflète une ambition claire : remodeler le paysage politico-militaire congolais.
Le soutien direct de la RDF et des services de renseignement rwandais continue de renforcer la capacité de l’AFC-M23 à recruter, former et collaborer avec d’autres groupes armés dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Bernadette Mbiya