Les opérations que les forces loyalistes mènent sur les lignes de front, butent à un problème lié au financement. L’exécution des dépenses de l’armée se fait en retard alors qu’elle devrait l’être en mode urgence au regard de la situation d’agression que connaît le pays », constate avec dépit une épaule galonnée des FARDC. Elle explique en outre que ce retard de paiement empêche les soldats au front de « maintenir la pression » sur les rebelles. Ce qui va à l’encontre d’une des résolutions phares du Conseil supérieur de la défense du 29 octobre 2022 : « accroître la force de frappe des forces armées et de sécurité ».
Conséquence : au bout de 4 mois, la coalition RDR/M23 a conquis la quasi-totalité des entités du territoire de Rutshuru ainsi que quelques autres entités dans le Masisi, au Nord-Kivu, une région riche en minerais.
Cette guerre, au-delà d’avoir fait des milliers de victimes, prend des allures inquiétantes au point de pousser d’aucuns à conclure sur l’incapacité de l’armée congolaise à faire face aux rebelles du M23 qui, en l’espace de 4 mois, ont conquis la quasi-totalité des entités du territoire de Rutshuru ainsi que quelques autres entités dans le Masisi, au Nord-Kivu, une région riche en minerais.
Or, il est notoirement connu que l’argent est le nerf de la guerre, pas besoin d’un schéma pour se rendre à l’évidence que l’armée a besoin de moyens financiers conséquents pour affronter un groupe armé « moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la MONUSCO ». Aussi sonne-t-on l’alarme en direction du commandant suprême des FARDC, de la police et des forces de sécurité pour qu’il veille au grain afin de ne pas prêter le flanc aux ennemis de la patrie qui se recrutent même au sein des institutions.
Ci-dessous l’intégralité de ce cri du cœur.
Cependant, les FARDC sont réellement une armée impuissante ? Difficile de l’affirmer, tant l’armée congolaise a une note appréciable dans le classement des forces armées loyales africaines.
Les FARDC font plutôt face à une réalité qui va à l’encontre d’une des résolutions phares du Conseil supérieur de la défense du 29 octobre 2022 : « accroître la force de frappe des forces armées et de sécurité ».
Quand l’on sait que l’argent est le nerf de la guerre, pas besoin d’un schéma pour se rendre à l’évidence que l’armée a besoin de moyens financiers conséquents pour affronter un groupe armé « moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la MONUSCO ».
L’armée se retrouve amputée de ce nerf de guerre, à en croire quelques indiscrétions au sein de la haute hiérarchie des FARDC.
« Sur le terrain des opérations, le problème est de plus en plus lié au financement. L’exécution des dépenses de l’armée se fait en retard alors qu’elle devrait l’être en mode urgence au regard de la situation d’agression que connaît le pays », a confié un galonné des FARDC, expliquant en outre que ce retard de paiement empêche les soldats au front de « maintenir la pression » sur les rebelles.
« Ils peuvent frapper une ou deux fois, mais ils seront obligés de battre en retrait », regrette-t-il pendant que tout le pays a placé ses espoirs sur les FARDC pour bouter dehors les M23 et que la Force régionale de l’EAC est de plus en plus contestée pour sa « passivité ».
Tshiwewe, coupable ou l’homme de la situation
Dans un contexte d’insuffisance des moyens financiers à la disposition de l’armée, le lieutenant-général Christian Tshiwewe a été nommé, début septembre dernier, chef d’Etat-major des FARDC.
En dépit de tous les espoirs suscités par sa nomination, Tshiwewe n’a pu stopper la progression des M23, quoi qu’il a « tout de suite mis les batteries en marche pour contenir ces rebelles avec les moyens de bord ». Est-il l’homme de la situation ?
« Le lieutenant-général Christian Tshiwewe est coupable quand ses éléments ne sont pas à la hauteur de leur mission. Mais, il n’est pas le premier responsable, tant que les finances débloquent toujours en retard les fonds sollicités pour l’implémentation des stratégies militaires arrêtées », a tenté de faire comprendre une autre indiscrétion de l’armée congolaise qui, dans ses analyses en tant que stratège, a par ailleurs décelé, dans le modus operandi des M23, les « vrais objectifs » de cette guerre d’agression.
L’Ouganda dans la ligne de mire du Rwanda ?
« Ils (les M23) veulent récupérer les zones minières et asphyxier Goma. Ils ont bloqué des axes routiers stratégiques (comme Masisi-Goma et Rutshuru-Goma) qui alimentent la ville en vivres », a-t-elle rapporté, non sans faire remarquer que l’Ouganda voisine est aussi exposée aux « velléités expansionnistes et hégémoniques du Rwanda d’exploiter coûte que coûte des minerais qui ne lui appartiennent nullement ».
Dans le Masisi, les M23 sont à quelques encablures de Kisoro, district du Sud-ouest de l’Ouganda, frontalier de la République démocratique du Congo à l’Ouest et du Rwanda au Sud. Ce district, réputé touristique, est également riche en fer et en coltan.
« C’est là que les terroristes du M23 visent aussi. L’Ouganda pourrait connaître le même malheur que la RDC, étant donné que la force de nuisance des M23/RDF, qui visent avant tout l’exploitation minière, n’obéit qu’aux seuls intérêts de leur maître ».
Maître ou maîtres ? Au singulier, seul Paul Kagame est indexé, car présenté comme le tireur des ficelles de la rébellion menée par les M23, ce groupe armé à majorité Tutsis congolais. Ces rebelles, selon l’ONU, Kinshasa, Washington et d’autres chancelleries occidentales, bénéficient d’un appui en hommes et en équipements de la part de l’armée rwandaise.
Les changements intervenus dans la chaîne des commandements des opérations des FARDC à l’Est ont, selon des vents parvenus de l’armée congolaise, permis de mettre à l’écart des infiltrés et autres traîtres jadis en connivence avec les rebelles.
De quoi attiser la colère des M23 qui ont dû renforcer leurs rangs avec des éléments de l’armée rwandaise, venus en renfort pour accroitre leur capacité de frappe et se surveillance des entités conquises.
Au pluriel, ce sont des « puissances extérieures », selon Emmanuel Macron, président de la France.
« Ce n’est pas une agression d’une puissance extérieure. Ils sont soutenus par plusieurs puissances extérieures dans une logique de prédation. Ces groupes ont aussi des ressortissants qui sont de votre pays, c’est une réalité », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue congolais Félix Tshisekedi samedi dernier à Kinshasa.
Un cessez-le-feu doit entrer en vigueur ce mardi. Sera-t-il observé cette fois-ci par les rebelles?
CP/ Paul Nkoto