Après cette déclaration de la délégation du Conseil de sécurité à l’étape de Goma au moment où elle bouclait sa mission en RDC, par laquelle elle recommandait l’ouverture d’un dialogue politique avec les rebelles du M23, les réactions de la partie congolaise n’ont pas tardé. C’est la déception générale, car le peuple attendait la cessation des hostilités et le départ de la coalition M23/Rwanda.
Déjà à Goma, plusieurs analystes estiment que cette déclaration pour la moins tapageuse pousse à déduire directement qu’il y a un divorce consommé entre le gouvernement congolais et la Monusco qui ne parlent plus le même langage en ce qui concerne des solutions à appliquer concernant la fin de la rébellion du M23 au Nord-Kivu.
Pour le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, aucune négociation ne peut être engagée avec un groupe terroriste comme le M23. Le président congolais attend de ses partenaires, telle que la Monusco, un apport dans la traque des rebelles du M23, ce qui n’est pas le cas sur le terrain.
En même temps, on note qu’il y a une nette contradiction entre la délégation du Conseil de sécurité des Nations unies et les récents de Bintou Keita, la cheffe de la Monusco qui, dans sa dernière sortie médiatique à Goma, avait souligné que la mission onusienne accompagne les FARDC dans des terrains de guerre pour traquer le M23.
Par sa recommandation, le Conseil de sécurité appliquerait la politique de deux poids, deux mesures. Imposer un dialogue politique entre Kinshasa et le M23 sous prétexte de ramener la paix en RDC ne résout pas l’énigme rwandaise qui, par visées hégémoniques, a toujours traversé la frontière sous prétexte de traquer les FDLR qui menacent sa sécurité. La logique aurait bien voulu que Kigali ouvre, lui aussi, le dialogue avec l’opposition politique, notamment les FDLR pour, en définitive, ôter au Rwanda son prétexte légendaire.
Membre de l’Organisation des Nations unies, pourquoi la délégation du Conseil de sécurité n’appelle pas le régime de Kigali de dialoguer avec les rebelles FDLR d’origine rwandaise qui sont présents au Nord-Kivu et qui sont historiquement source des rébellions à connotation rwandaise au Nord-Kivu ?
La méthodologie du Conseil de sécurité vient avaliser la thèse d’agendas cachés qui, à terme, débouchera sur la matérialisation du projet de balkanisation de la RDC sous la bénédiction des forces étrangères.
Gauthier Sey